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CHAPITRE V LA FORMATION DU LIEN HÉTÉRO-ÉROTIQUE 1. Le contexte Les activités sexuelles humaines s’inscrivent presque toujours dans un contexte d’intimité. Dans la plupart des sociétés humaines, il existe même de puissants tabous visant à empêcher l’expression publique de la sexualité. Il est possible que ces tabous viennent renforcer une tendance naturelle chez l’humain à s’isoler lors de ses activités sexuelles. Même si l’on admet que la recherche de l’intimité sexuelle est une tendance naturelle intensifiée par les influences culturelles, cela n’explique pas pour autant les fonctions d’un tel invariant. Une première fonction pourrait bien être de faciliter la reproduction. En minimisant les stimuli distracteurs, l’intimité augmenterait la probabilité de réussite des relations sexuelles. Du même coup seraient favorisées la reproduction et ultimement la perpétuation de l’espèce humaine. Une deuxième fonction serait possiblement de contrôler dans une certaine mesure les pulsions sexuelles afin que la sexualité n’occupe pas une place trop importante dans la vie sociale. Nous avons mentionné que chez l’humain, l’excitation érotique était en bonne partie dépendante des stimuli-signaux d’ordre visuel. En contrant l’expression publique de la sexualité, les sociétés privent ainsi les individus d’une source importante d’érogénisation. Même les sociétés les plus permissives au plan de la sexualité imposent à cet égard des interdictions. Tout se passe comme si l’intimité des activités sexuelles, en empêchant la promiscuité, allait de pair avec le développement social. Dans la plupart des sociétés dites primitives, la femme est soumise à l’homme et est considérée comme la propriété de celui-ci. Dans cette optique, on peut penser qu’une des fonctions de l’intimité sexuelle était à l’origine de l’humanité de mettre la ou les femmes d’un homme à l’abri des rivaux jaloux. 82 LA SEXUALITE HUMAINE En ayant des activités sexuelles uniquement dans un contexte d’intimité, l’homme s’assurait en partie que sa partenaire ne suscite pas l’envie sexuelle chez d’autres hommes. Évidemment, cette fonction de l’intimité sexuelle a perdu de son importance dans les sociétés modernes. Toutefois, on peut en retrouver des séquelles même dans les sociétés les moins androcentriques. Certaines sociétés humaines, tout en prescrivant l’intimité dans les activités sexuelles, permettent lors d’occasions spéciales l’expression publique de la sexualité. La plupart du temps, ces fêtes orgiaques ont une connotation religieuse. La sexualité est alors intriquée au sacré. Ces fêtes orgiaques permettent une évacuation de désirs non réalisés, une sorte de libération fantasmatique. Généralement, elles ont aussi pour effet de faciliter l’intériorisation des interdits sexuels. On peut presque parler d’une fonction paradoxale de ces fêtes orgiaques. Elles rendent possible la transgression temporaire d’un certain nombre d’interdits sexuels afin que l’individu soit par la suite mieux disposé à les accepter. Dans les sociétés modernes, l’étalage de l’érotisme dans les revues et au cinéma jouerait un rôle similaire. En plus de s’inscrire dans un contexte d’intimité, les relations sexuelles se déroulent habituellement dans l’obscurité, pendant la nuit en particulier. Si l’on considère que le visuel joue un rôle primordial dans l’expression sexuelle, on peut en déduire que l’obscurité, en réduisant la stimulation visuelle, entrave l’excitation sexuelle. Par contre, l’obscurité permet aussi l’élimination de défenses concrétisées par des sentiments de pudeur. Elle permet aussi une utilisation plus poussée des autres sens, en particulier le toucher qui constitue un des moyens privilégiés d’érogénisation. L’obscurité réduit donc les sources d’anxiété, favorisant ainsi la prévalence du système parasympathique, condition essentielle à l’excitation sexuelle. La pénombre, contexte intermédiaire, ne neutralise qu’en partie la stimulation visuelle et les défenses et allie donc les avantages et les inconvénients de l’obscurité et de la clarté. 2. Le déroulement de l’interaction hétéro-érotique On peut distinguer trois étapes dans le déroulement d’une interaction hétéro-érotique : la séduction, les préliminaires et la relation coïtale...

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