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Conclusion Après avoir été une innovation contributive à la transformation des problèmes collectifs des communautés (d’identit é, d’intérêt et géographique) en réponses collectives, la concertation intersectorielle est victime de son succès car, sur le terrain, les instances ou démarches de concertation se multiplient à la faveur de la multiplication des politiques et des programmes qui appellent à la mobilisation des communautés et des demandes de reconnaissance des causes portées par des acteurs sociaux. Cette situation menace le développement des communautés qu’elle veut promouvoir. Les pratiques de concertation territoriale créent des espaces (plus ou moins participatifs et productifs ) de rencontre et de confrontation entre les acteurs sociaux qui ont des effets multiples (mais aussi des limites) sur la qualité du développement des communautés. Ces pratiques de concertation et de développement des communaut és renvoient au défi de gérer collectivement et démocratiquement des processus complexes de changement et d’innovation. Elles ne sauraient se réduire à une gestion, encadrée par des programmes centralisés, des conséquences locales des problèmes collectifs. Elles peuvent favoriser ou 126 Concertation et partenariat soutenir l’émergence d’initiatives contribuant à créer les conditions pour que les collectivités puissent agir à leur manière sur ces problèmes (causes et conséquences) en développant leur pouvoir d’agir. L’enjeu principal auquel ces pratiques sont confrontées est de pouvoir jouer un rôle de levier du développement par rapport à un rôle de rouage de la planification ou de la gestion technocratiques. Elles doivent cependant souvent s’inscrire dans les politiques et les programmes des instances de planification et des bailleurs de fonds et, à ce chapitre, elles doivent tenir compte de leurs exigences ne serait-ce que pour obtenir des moyens pour s’actualiser. Mais elles doivent aussi permettre , voire forcer, l’adaptation de ces programmes et politiques aux réalités locales. Une contribution importante concerne ici le rôle des gestionnaires et intervenants provenant des appareils de planification ou des bailleurs de fonds qui choisissent d’être créatifs (ou délinquants) quant aux normes de leurs programmes afin de les rendre contributifs aux initiatives en provenance des milieux. Pour être mieux adaptés au nouveau contexte et remplir leurs promesses, la concertation et le développement des communautés doivent premièrement s’éloigner du modèle de l’instrumentalisation et opérer dans un modèle «négogène» qui donne prise aux acteurs et aux communautés sur le sens et la finalité de l’action tout en s’inscrivant dans des politiques et des procédures qui lui sont vitales dans les conditions institutionnelles et politiques actuelles. Il faut également que ces pratiques mettent l’accent sur la participation citoyenne, deviennent plus efficaces par la compétence accrue des intervenants, puissent compter sur des ressources et un soutien suffisants , et trouvent des modèles performants de coordination et de régulation territoriale qui appellent une nouvelle gouvernance partagée et une forme d’institutionnalisation coconstruite qui en assurerait la pérennité. Des pratiques de gouvernance locale et partagée de développement des communautés territoriales sont expérimentées [3.138.125.2] Project MUSE (2024-04-23 23:45 GMT) Conclusion 127 un peu partout au Québec et demanderaient à être mieux documentés et évalués, comme ont commencé à le faire St-Germain, Ulysse et Lesemann (2007). Ces expériences, de même que celles vécues dans certains pays européens, pourraient inspirer le débat public et politique à tenir sur cette gouvernance participative plurielle et sur sa dimension institutionnelle qui doit être démocratiquement convenue, et non construite par l’État seul, même si ce dernier conserve un rôle d’arbitrage et de décision finale (Vaillancourt, 2008). Ce débat, et les choix politiques qui en découleraient, pourraient alors contribuer non pas à un désengagement de l’État, mais à un renouvellement des formes de soutien public au développement des communautés et au renforcement de la contribution des acteurs de la société civile. ...

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