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8 8 Des enjeux et des défis Parmi les nombreux enjeux et défis des pratiques d’interface entre acteurs institutionnels et sociaux, nous en retenons deux qui concernent spécifiquement la concertation intersectorielle territoriale et le développement des communaut és: la participation citoyenne et l’institutionnalisation des pratiques. LA PARTICIPATION CITOYENNE Il existe différents niveaux d’influence dans la participation citoyenne allant de l’information, à la consultation, à la décision. La participation citoyenne n’est cependant pas acquise dans les pratiques de concertation et de 118 Concertation et partenariat développement des communautés, au-delà de la position qui consiste à considérer que la présence des organismes communautaires dispose de la question. Même si on considère que les organismes communautaires ont des pratiques de participation citoyenne dans leur organisation (très variables selon les cas), la participation citoyenne aux enjeux collectifs et aux pratiques de concertation n’est pas pour autant assurée. L’étude de certaines pratiques de concertation territoriale (Bourque, 2003) a démontré qu’elles n’avaient pas de caractère public et que les citoyens n’y étaient d’aucune façon directement associés. Dans l’étude de ces pratiques de partenariat territorial, l’existence d’un paradoxe a été observée entre, d’une part, l’impact identifié de démocratisation de la gestion des enjeux collectifs portés par ces pratiques et, d’autre part, les lacunes démocratiques de ces mêmes pratiques dans leurs rapports avec leur milieu. Bien sûr, la procédure interne des instances de concertation respecte les règles démocratiques formelles comme une personne/un vote et le respect des décisions prises à la majorité simple. Mais dans leurs rapports démocratiques avec leur milieu, ces instances soulèvent des interrogations. Les décisions aux instances de concertation se prennent quelques fois en vase clos, même si le cercle des initiés inclut des représentants des organismes communautaires. Les instances de concertation peuvent alors représenter à la fois des opportunités de démocratisation et des risques de réduction de la participation citoyenne. La réduction de la participation citoyenne prend forme lorsque les instances de concertation ne sont imputables qu’à elles-mêmes et font peu de place dans leurs travaux à ceux qu’elles représentent (population, personnel et conseil d’administration des organismes, autres organismes non présents à l’instance, etc.). La concertation intersectorielle et le développement des communautés sont des pratiques qui ont largement cours au Québec, mais les règles de participation démocratique et d’imputabilité qui les régissent ne sont pas toujours [3.133.147.252] Project MUSE (2024-04-18 16:22 GMT) Des enjeux et des défis 119 cohérentes et congruentes avec l’importance sociale de ces instances. En fait, ces pratiques ne sont pas toujours performantes au niveau d’une participation citoyenne signi- ficative qui est difficile à susciter et à maintenir. Elles sont les premières victimes de ces carences; car affaiblies dans leur légitimité, elles peuvent facilement être neutralisées, remises en question, voire dissoutes, dès lors qu’un des acteurs majeurs n’est plus à l’aise avec les enjeux qui y sont portés. Ces carences ont pour conséquence d’affaiblir la contribution de l’expertise et du savoir citoyen dans les processus de concertation, de partenariat et de développement des communautés, tout en ne pouvant influencer positivement, au nom de l’intérêt général, le jeu des intérêts organisationnels et des rapports de pouvoir concurrentiels ou professionnels (corporatifs) en présence. Ce type de limites milite en faveur d’une forme d’institutionnalisation des pratiques de concertation et de développement des communautés qui en assurerait un fonctionnement participatif et démocratique, ainsi que la pérennité au-delà des changements d’orientation de certains acteurs institutionnels ou de bailleurs de fonds. L’INSTITUTIONNALISATION DES PRATIQUES L’institutionnalisation est entendue ici comme un processus de définition et de codification favorisant le développement et la diffusion d’innovations sociales. La concertation intersectorielle territoriale et le développement des communautés sont confrontés au besoin de mettre en place et de pérenniser de nouveaux dispositifs et de nouvelles pratiques de gouvernance partagée, basée sur une gestion démocratique du changement. Cela s’impose selon Lévesque (2007, p...

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