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En guise de conclusion Nouveaux acteurs, nouveaux défis, nouvelles solidarités AU SUD, L’ENTRÉE EN SCÈNE DE NOUVEAUX ACTEURS Nous l’avons dit dans l’introduction, en matière de développement , l’influence décisive est entre les mains des multinationales, des grandes organisations internationales et des États des pays du Nord (Bartoli, 1999). Cependant, nous avons vu que les formes qu’a prises la solidarité internationale dans les deux dernières décennies ont changé la donne avec l’émergence à l’avant-scène de nouveaux acteurs: des OCI, des organisations paysannes, des syndicats de travailleurs, des entreprises collectives et, plus particulièrement, celles qui évoluent dans la foulée du mouvement coopératif. Nous avons tenté de démontrer tout au long de cet ouvrage que ces organisations sont parties prenantes d’initiatives locales, nationales et internationales soutenant à des degrés divers le développement, 158 Coopération Nord-Sud et développement la justice sociale et la démocratie. Mais ces initiatives sont aussi traversées par des tensions et des contradictions. Les OCI sont particulièrement concernées à cet égard étant donné leur cohabitation active récurrente avec les pouvoirs publics de leur pays respectif. Elles ont des choix à faire. AU NORD, LA REDÉFINITION DU RÔLE DES OCI: PRESTATION DE SERVICES OU COMBAT POUR LE DÉVELOPPEMENT Il faut bien voir que le monde des OCI n’est pas monolithique . On y trouve de tout, depuis celles qui n’hésitent pas à «surfer» sur le misérabilisme jusqu’à celles qui misent sur une éducation au développement du public et donc du développement d’une solidarité consciente et active dans les pays du Nord. Certaines se contentent de sous-traiter les agences publiques de développement international telles que l’ACDI et, depuis peu, les grandes fondations privées (Armony, 2007); d’autres se préoccupent de développer leur marge d’autonomie et de démocratie pour accroître leur capacité de soutenir des dynamiques de développement dans les pays du Sud. Certaines OCI et ONG sont plus ou moins démocratiques, ayant progressivement évacué leurs militants au profit de professionnels ; plus ou moins autonomes puisque dépendantes d’un financement public à la hauteur de 80 ou 90% lequel menace sérieusement leur marge de manœuvre; plus ou moins «professionnalisantes» parce qu’elles ne mènent pas la réflexion politique qui s’impose sur la place des professionnels dans leur organisation; plus ou moins politis ées étant davantage des PME de la coopération internationale misant sur leur expertise plutôt que l’expression d’un mouvement branché sur la mobilisation sociale. Certaines OCI choisissent d’influencer les dispositifs publics de coopération en affichant une autonomie de vision et de pratique. Elles refusent la logique de subordi- [3.143.17.127] Project MUSE (2024-04-25 02:07 GMT) En guise de conclusion 159 nation qui conduit certains organismes de coopération à n’apporter au Sud que des réponses techniques à des enjeux politiques. Dans un contexte où les États sociaux, partout au Sud, sont à reconstruire (Favreau et Fall, 2007), le travail structurant en matière de coopération internationale consiste à s’organiser dans des secteurs ayant des impacts sur les politiques de développement au lieu de se laisser prendre au jeu d’un travail uniquement technique qui ne remet en cause ni les paradigmes conservateurs de l’appui au développement, ni les bases des inégalités. Les OCI du Nord comme les ONG du Sud risquent d’être confinées dans la fonction d’agence d’exécution de politiques de développement définies par d’autres acteurs. Dans des situations de raréfaction des ressources allouées à la coopération internationale, la tentation est grande pour certaines OCI et ONG de développer des stratégies de survie au prix d’un renoncement partiel ou total à leur identité fondatrice. Sous prétexte d’une professionnalisation du dispositif d’intervention, l’engagement citoyen cède la place à la technocratie, la marge d’innovation se restreint et les valeurs démocratiques se perdent au nom du réalisme avec le résultat que les populations censées être bénéficiaires de cette coopération passent du statut de partenaires à celui de clients (Thède et Tremblay, 2007; Le Naëlou et Freyss, 2004) . Certaines OCI du Nord et des ONG du Sud qui...

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