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La France et le Québec quarante ans après de Gaulle Frédéric Bastien Université d’Ottawa Résumé L’année 2007 a marqué le quarantième anniversaire de la célèbre visite au Québec du général de Gaulle, laquelle lui avait permis de lancer son fameux «Vive le Québec libre», du haut du balcon de l’hôtel de ville de Montréal, devant une foule en délire. Cet épisode, qui a marqué les esprits, constitue un des moments fondateurs de la relation tissée entre la France et le Québec depuis les années 1960, le tout ayant amené les deux peuples à développer jusqu’à aujourd’hui des relations politiques sans équivalent entre une province canadienne et un pays souverain, malgré une forte opposition du gouvernement fédéral canadien. Dès lors, il importe de se demander quels ont été les fondements de cette relation, les raisons de sa durée et de son succès. D’une part, le Québec voyait son statut de nation confirmé par la France en entretenant des relations directes avec elle et en participant en son nom propre (plutôt qu’au sein d’une représentation canadienne ) au développement de la francophonie internationale. Cette situation lui donnait une légitimité politique plus grande pour faire valoir son caractère distinct devant Ottawa et les autres provinces. Du côté français, la question du Québec était liée à jamais à l’héritage de De Gaulle et à sa politique de grandeur , visant le rayonnement de la France dans le monde. À droite comme à gauche, cette vision du monde a conservé des partisans dans les milieux politiques. Et lorsque Québec a demandé l’appui de Paris contre Ottawa, au moment des deux référendums , et aussi quand les Québécois ont voulu une représentation autonome au sommet des pays francophones, le gouvernement français, fidèle au général, s’est rangé avec le Québec, d’autant plus que d’importants échanges se sont développés entre celui-ci et la France. Cette dynamique reflète les relations malaisées qui existent encore entre Québec, Paris et Ottawa. Qu’il soit d’allégeance fédéraliste ou indépendantiste, le gouvernement québécois voudra conserver ses relations directes avec Paris. La France, de son côté, continuera à soutenir le Québec quoi qu’il advienne. 40 Le Québec à l’aube du nouveau millénaire L’année 2007 a marqué le 40e anniversaire de la célèbre visite au Québec du général de Gaulle, laquelle lui avait permis de lancer son fameux «Vive le Québec libre!», du haut du balcon de l’hôtel de ville de Montréal, devant une foule en délire. Cet épisode, qui a marqué les esprits, constitue un des moments fondateurs de la relation tissée entre la France et le Québec depuis les années 1960, le tout ayant amené les deux peuples à développer jusqu’à aujourd’hui des relations politiques sans équivalent entre un État fédéré et un pays souverain, malgré une opposition parfois forte du gouvernement fédéral canadien. Du côté français, la question du Québec restera liée à jamais à l’héritage de De Gaulle et à sa politique de grandeur qui visait le rayonnement de la France dans le monde. Cette dynamique marque toujours aujourd’hui les relations pas toujours aisées entre Québec, Paris et Ottawa. L’année 2007 aura d’ailleurs apporté une nouvelle preuve de la délicatesse de ces relations triangulaires. En pleine élection présidentielle, le chef du Parti québécois, André Boisclair, a effectué une visite officielle en France qui lui a permis notamment de rencontrer les principaux dirigeants politiques de ce pays. Son entretien avec la candidate socialiste Ségolène Royal est venu rappeler à quel point les relations francoqu ébécoises peuvent toujours soulever la controverse. En effet, au moment de conclure son entretien avec le chef péquiste, celle-ci a déclaré que l’objectif des souverainistes était «conforme aux valeurs qui nous sont communes, c’est-à-dire la souveraineté et la liberté du Québec. Et je pense que le rayonnement du Québec et la place qu’il occupe dans le cœur des Français vont dans ce sens» (Rioux, 23...

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