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Chapitre 7 - Concevoir l'occupation du territoire
- Presses de l'Université du Québec
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CHAPITRE 7© 2007 – Presses de l’Université du Québec Concevoir l’occupation du territoire Les villes, les régions administratives et les zones économiques désignées ou ciblées ainsi que les territoires MRC (municipalité régionale de comté), qui ensemble composent la vaste périphérie de rayonnement effectif de Ville Saguenay, nécessitent un concept d’occupation, d’aménagement et de valorisation dans un esprit de durabilité. Sur la base de l’expertise qui existe sur le terrain, notamment celle des aménagistes, urbanistes, géographes, économistes, anthropologues, planificateurs sectoriels et agents de développement, un tel concept global élaboré dans un processus collectif d’apprentissage permettrait d’offrir une vision d’ensemble ainsi que des orientations pour les choix individuels et collectifs qui touchent le territoire. Dans ce chapitre, nous présentons une esquisse susceptible d’alimenter la réflexion vers l’élaboration d’un tel concept global de l’occupation du territoire nordique dans lequel rayonne Ville Saguenay. En voici les principales composantes. 7.1. L’UNICITÉ ET LA SPÉCIFICITÉ TERRITORIALES DU SAGUENAY–LAC-SAINT-JEAN La région du Saguenay–Lac-Saint-Jean est unique sur la planète. Sa spécificité territoriale s’inscrit d’abord dans sa position spatiale aux échelles québécoise, continentale et mondiale. Cette région n’est localisée ni sur la côte de l’océan Pacifique, ni en Virginie, ni en Irlande ou en Chine. Elle est bel et bien localisée dans le nord-est de l’Amérique et s’avère par ailleurs relativement éloignée des grands marchés de Montréal, Toronto ou New York. Ce fait est d’autant plus important que les marchés actuellement émergents 190 Le Saguenay–Lac-Saint-Jean face à son avenir© 2007 – Presses de l’Université du Québec sur la planète1 se trouvent plutôt à l’ouest, dans le bassin asiatique, sur la côte américaine du Pacifique et dans le centre-sud des États-Unis. En réalité, la position spatiale du territoire Saguenay–Lac-Saint-Jean devient de plus en plus périphérique par rapport à la dynamique géoéconomique mondiale. Sur les plans environnemental, démographique, économique, social, culturel et politique, le contenu territorial du Saguenay–Lac-Saint-Jean lui donne sa personnalité. À titre d’exemple, « l’eau qui jaillit » n’a pas que donné le toponyme Saguenay, mais bel et bien aussi, grâce à sa transformation en électricité, la base principale de son économie. Le territoire régional renferme pas moins de 10% d’eau douce qui coule des lacs et rivières jusqu’au fleuve Saint-Laurent. Sa large superficie n’est que très peu peuplée par des établissements humains très dispersés, certes, mais tout de même davantage que plusieurs régions similaires sises à cette latitude nord. Il s’agit d’un territoire enclavé, d’une « île renversée », d’une oasis nordique, bref, d’une zone habitée et relativement bien développée, protégée par la géographie mais ouverte sur l’extérieur , notamment par son économie très dépendante de l’exportation. Le développement du Saguenay–Lac-Saint-Jean fut toujours propulsé de l’extérieur2. Sur la carte du monde, Saguenay occupe une place stratégique bien positionnée, accessible et tout à fait attrayante. Pour ce qui est de cette ouverture sur le monde, les modalités relationnelles qui permettent l’intégration de ce territoire au reste de l’économie globale déterminent aussi sa personnalité et évidemment son devenir. Soulignons à cet égard ses ports en eau profonde qui, par le fjord du Saguenay et le fleuve Saint-Laurent, fournissent un accès direct au transport maritime. Notons aussi ses nombreux postes de transport de l’hydroélectricité produite plus au nord, qui transite par le Saguenay–Lac-Saint-Jean en lui donnant un rôle de carrefour de l’énergie et ainsi un potentiel de valorisation important, peut-être même sous-estimé par les élites locales et régionales. Que dire aussi de ses aéroports, dont celui de Bagotville d’où partent de nombreux vols quotidiens vers Montréal et le reste du monde ? Signalons en outre les services supérieurs de traitement de l’information qui se sont établis dans cette région à la faveur de l’arrivée des télécommunications modernes, notamment le Centre...