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L’éthique de l’intervention en protection de la jeunesse pour contrer l’exclusion sociale Guy GIROUX Département de science politique Université du Québec à Rimouski Bernard DION Étudiant au programme de maîtrise en éthique Université du Québec à Rimouski Il est reconnu que les jeunes qui relèvent le plus longtemps des intervenants du champ psychosocial et de celui de la réadaptation des centres jeunesse auxquels sont rattachés les directeurs de protection de la jeunesse sont nettement, pour la plupart, issus de familles qui sont frappées par la pauvreté. Or, parce qu’elle représente un phénomène particulièrement sérieux qui interpelle, en quelque sorte, les intervenants de la protection de la jeunesse, la pauvreté en tant que source d’exclusion sociale a été retenue comme thème de recherche par une équipe subventionnée par le Conseil québécois de la recherche sociale (CQRS)1. 1. La recherche a été dirigée par Teresa Sheriff, chercheuse au sein de l’Institut universitaire sur les jeunes en difficulté, au Centre jeunesse de Québec. Comme cochercheur, nous nous sommes adjoint un étudiant du programme de maîtrise en éthique de l’Université du Québec à Rimouski, en l’occurrence Bernard Dion, qui a effectué un premier tri des données recueillies lors de la vingtaine d’entrevues avec des intervenants du Centre jeunesse de Québec. Étaient également associés à la recherche le professeur Gilbert Renaud de l’École de service social de l’Université de Montréal, Lise Binet, agente de recherche, ainsi que les intervenants France Goudreault et Sylvain Lavertu du Centre jeunesse de Québec. 362 362 362 362 362 Guy GIROUX et Bernard DION Dans ce chapitre, nous allons rendre compte de notre contribution particulière à ce travail d’équipe dans la mesure où nous ne devions pas tant identifier des pratiques novatrices en protection de la jeunesse que de faire ressortir l’éthique qui s’y rattachait, encore qu’il nous fallait bien mettre ces deux questions en relation pour atteindre l’objectif plus précis qui était le nôtre. Or, en rendant compte ici des principaux résultats de notre travail, le présent chapitre mettra respectivement en perspective : a) la finalité de l’intervention en protection de la jeunesse ; b) les valeurs qui lui sont rattachées ; c) l’éthique de l’intervention elle-même lorsqu’elle sert de levier pour contrer l’exclusion sociale. En conclusion, nous allons signaler que l’éthique de l’intervention en protection de la jeunesse pour contrer l’exclusion sociale est en butte à des dilemmes et à des contraintes qui sont parfois en lien avec une compréhension ambivalente du rôle des intervenants concernés, suivant qu’ils croient devoir davantage exercer une fonction de contrôle ou une fonction d’aide. La recherche à laquelle se rapporte ce chapitre avait comme thème :« Pauvreté et pratiques novatrices d’intervention en protection de la jeunesse ». Elle a notamment été effectuée à l’aide d’un mode qualitatif de collecte de données, en l’occurrence des entrevues auprès d’une vingtaine d’intervenantes et d’intervenants – travailleurs sociaux et éducateurs pour la plupart – du Centre jeunesse de Québec, de l’automne 1997 à l’hiver 1998. Les intervenants concernés avaient tous une expérience de travail auprès des jeunes de 16 ans et plus en situation de protection. Le choix de sélectionner des intervenants ayant ce type d’expérience reposait sur la proposition voulant que plus les jeunes en protection se rapprochent de leur majorité et plus l’intervention devrait se déplacer vers le pôle préventif au sens de prévention de la pauvreté, dans ses composantes économique, relationnelle et symbolique. La pauvreté relationnelle, comme cette expression le suggère, fait référence à l’absence ou à de faibles capacités d’établir des liens gratifiants et significatifs avec les autres, alors que la pauvreté symbolique renvoie à une image négative de soi, suggérant que l’on ne puisse pas envisager de se sortir d’une dépendance profondément enracinée envers la société, en faisant ainsi le deuil de son autonomie et de sa responsabilité corrélative. Cette problématique avait d’ailleurs été identifiée dans une recherche récente2. Or, l’un des objectifs de la recherche dont nous rendons compte ici devait consister à identifier l’éthique de l’intervention en protection...

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