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L’axe mère-enfant de la réussite scolaire au primaire en milieu populaire Pierrette BOUCHARD Université Laval Jean-Claude SAINT-AMANT Université Laval INTRODUCTION La recherche1 dont nous présentons quelques résultats s’est terminée au début de 1999. L’équipe comprend Monique Gauvin, éducatrice spécialis ée auprès d’une clientèle majoritairement composée de garçons en troubles de comportement du Centre jeunesse de Québec, Richard Carrier, consultant clinique dans le même organisme, Madeleine Quintal, psychologue à l’école primaire, Jean-Claude Saint-Amant, professionnel de recherche au Centre de recherche et d’intervention sur la réussite scolaire (CRIRES) de l’Université Laval, Claudette Gagnon, jeune chercheuse et enseignanteàlaCommissionscolairedeCharlesbourg, etPierretteBouchard, professeure à la Faculté des sciences de l’éducation de l’Université Laval. Le présent texte comprend deux parties. La première fera brièvement un retour sur la problématique, sur la revue de la documentation et sur la méthodologie. La deuxième donnera la synthèse des résultats sur les dynamiques scolaires des familles à partir de quelques cas types. 1. Cette recherche a bénéficié de l’appui financier du Fonds Richelieu de recherche sur l’enfance et de l’Institut sur les jeunes en difficulté. L’axe mère-enfant de la réussite scolaire au primaire en milieu populaire 275 275 275 275 275 LA PROBLÉMATIQUE DE RECHERCHE L’objectif général de la recherche est de faire ressortir les caractéristiques des élèves du primaire qui connaissent du succès scolaire dans les milieux défavorisés sur le plan socioéconomique. Nous nous sommes intéressés à la réussite scolaire en milieu ouvrier et populaire parce que, suivant les théories de la reproduction sociale, les jeunes qui en sont issus sont plus susceptibles d’éprouver des difficultés scolaires et de connaître des échecs que ceux en provenance des autres classes sociales. Au Canada, ces théories trouvent leur justification dans des données qui montrent que le taux de non-obtention de diplôme d’études secondaires, avant 20 ans, est de 2,2 fois plus élevé dans les milieux socioéconomiques faibles (Statistique Canada, 1993) ; aux États-Unis, les statistiques sont encore plus révélatrices: le taux est 2,4 fois plus élevé que celui des élèves en provenance des classes moyennes et 10,5 fois plus élevé que celui des classes à hauts revenus (National Center for Education Statistics, 1993). Les difficultés – ou les succès scolaires – ne se présentent donc pas de façon indifférenciée sur le plan de l’origine sociale. Mais ce facteur n’est pas le seul à exercer une influence sur la scolarisation. On peut également observer la présence de liens sensibles entre le sexe, l’origine sociale et la réussite à l’école (CSE, 1995, p. 24). Le taux de non-obtention de diplôme selon le sexe, en 1997 au Québec, chez les moins de 20 ans (de 30%), est de 24,8 % chez les filles contre 35,7 % chez les garçons, donc plus élevé chez ce dernier groupe (MEQ, 1999, p. 59). À la fin du primaire, en 1996-1997, il existe déjà 9,2 points d’écart entre les garçons et les filles, en termes de retard scolaire, en faveur de ces dernières (26,6 % contre 17,4 % ; CSE, 1999, p. 22). Les performances dans les premières années à l’école ont une incidence considérable sur la persévérance aux études. Si l’on n’intervient pas assez rapidement, les échecs scolaires tendent à se répéter, car « plus l’élève a redoublé tôt [au primaire], plus il risque d’abandonner ses études» (Brais, 1991, p. 14). Bien que l’accès à l’école primaire et secondaire ne constitue plus un défi pour l’école québécoise, l’accès à la réussite scolaire confirmée par un diplôme représente toujours un enjeu, tout particulièrement pour les enfants des milieux populaires. Les garçons, et plus spécifiquement ceux issus de milieux socio- économiques faibles, sont les plus susceptibles d’adopter des comportements d’opposition scolaire, notamment parce qu’étudier ou bien travailler vient en contradiction avec la perception qu’ils ont des caractéristiques de la «masculinité ». Ces comportements, et ceux qui y sont associés, tels que l’absentéisme...

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