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Le développement des enfants de parents homosexuels État des recherches et prospective État des recherches et prospective État des recherches et prospective État des recherches et prospective État des recherches et prospective Monique DUBÉ Danielle JULIEN Université du Québec à Montréal Au Québec, l’augmentation des divorces et des séparations, l’augmentation du nombre de familles monoparentales et de familles reconstituées, et, plus récemment, la reconnaissance légale des conjoints de même sexe (loi 32 votée en juin 1999) ont stimulé une ouverture à d’autres réalités familiales. Celle-ci nous permet d’envisager que deux adultes de même sexe se prévalent du droit et des responsabilités d’être parents, réalité invisible et inacceptée socialement il n’y a pas 10 ans. Quel type d’environnement familial est le plus favorable à la croissance et au développement psychologique des enfants? Les nouvelles réalités familiales exigent de redéfinir des réponses pour le développement optimal de nos enfants. Le développement d’enfants dans une famille homosexuelle fait partie de ces interrogations. Certaines personnes invoqueront leurs craintes face au développement de l’identité sexuelle future de ces enfants, d’autres les préjudices qu’ils subiront par un entourage homophobe et, enfin, d’autres invoqueront les risques d’abus sexuels auxquels ces enfants pourraient être exposés. Ce texte présente une mise à jour des recherches empiriques sur le développement psychologique, social et sociosexuel des enfants de parents homosexuels. Une première recension des écrits a été publiée par les mêmes auteures dans la Revue québécoise de psychologie (Julien, Dubé 164 164 164 164 164 Monique DUBÉ et Danielle JULIEN et Gagnon, 1994). La première partie de cet article continue de fournir des réponses à la question : est-ce que les enfants de parents homosexuels se développent différemment des enfants de parents hétérosexuels ? La deuxième partie examine des avenues de recherche qui pourraient nous faire mieux comprendre la spécificité des familles homosexuelles, leurs problèmes d’adaptation et les facteurs responsables de la variabilité des capacités d’adaptation. Les intervenants en santé et bien-être, tout en ayant des attitudes positives par rapport à l’homosexualité, ont généralement peu de connaissances sur cette population. Des avancées importantes ont été faites par le ministère de la Santé et des Services sociaux (Clermont, 1998). Étant donné la méconnaissance des familles homosexuelles, plus d’information sur le développement des enfants permettra de développer des services mieux adaptés aux parents et à leurs enfants. DONNÉES SUR LES PARENTS HOMOSEXUELS ET LEURS ENFANTS AU QUÉBEC ET AUX ÉTATS-UNIS À l’aube de l’an 2000, nous n’avons aucune donnée statistique démographique permettant d’estimer le nombre de parents homosexuels et le nombre de leurs enfants, au Québec comme au Canada. Le rapport de l’enquête Santé Québec, annoncé pour le printemps 2000, devrait nous fournir des indices inédits. Il y a quelques années, Robinson (1993) estimait que 12 à 18 % de la population québécoise (hommes et femmes) était homosexuelle. À la fin des années 1980, on estimait que de 30 000 à 130 000 hommes québécois étaient homosexuels, selon la définition de l’homosexualité (Desjardins, 1991). Récemment, Demczuk (1998) estimait à près de un demi-million le nombre de personnes homosexuelles au Québec. Quant aux statistiques américaines, depuis les recherches de Kinsey, Pomeroy et Martin (1948) sur les hommes et celles de Kinsey, Pomeroy, Martin et Gebhard (1953) sur les femmes, les estimations se maintiennent aux environs de 10 % de la population, soit environ deux millions et demi de personnes homosexuelles présentement aux États-Unis (Patterson et Redding, 1996). À partir de ces informations, il est difficile de donner une estimation juste de la population de parents homosexuels tant au Québec qu’aux États-Unis. La peur d’être victime de discrimination, de perdre la garde de leurs enfants ou les droits de visite, fait en sorte qu’encore aujourd’hui plusieurs adultes préfèrent tenir secrète leur orientation sexuelle. Les études à grande échelle rapportent qu’aux États-Unis environ 10 % des hommes gais et 20 % des femmes lesbiennes seraient parents. Il y aurait environ un à cinq millions de mères lesbiennes (Falk, 1989 ; Gottman, 1990 ; Hoeffer, 1981) et...

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