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8 - Méthodes d'évaluation des dysfonctions sexuelles
- Presses de l'Université du Québec
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Méthodes d’évaluation des dysfonctions sexuelles 143 Chapitre Méthodes d’évaluation des dysfonctions sexuelles Il existe différents outils dont peut disposer le spécialiste du comportement sexuel : certains ont une valeur surtout de recherche (mesure psychophysiologique ou observation du comportement sexuel), alors que d’autres ont davantage une valeur clinique (entrevue, questionnaire , etc.). Nous allons donc présenter ces divers instruments d’investigation , de même que les recherches pertinentes. Évaluation psychophysiologique Plusieurs raisons justifient l’évaluation par des moyens psychophysiologiques . En premier lieu, ces mesures ont un caractère objectif. En effet, des paramètres comme la durée ou l’amplitude d’une réaction physiologique peuvent difficilement prêter à discussion. En second lieu, plus que de nombreux autres phénomènes psychologiques, les 8 144 Les dysfonctions sexuelles réponses sexuelles sont profondément enracinées dans la physiologie d’un individu ; la mesure de la réponse génitale peut donc être consid érée comme une dimension très importante du comportement sexuel dans son ensemble. Nous nous limiterons essentiellement à l’étude de la réponse génitale tant masculine que féminine (Rosen et Beck, 1988). En effet, selon plusieurs recherches (Zuckerman, 1971), les réponses physiologiques non génitales ne sont pas aussi utiles que les réponses génitales pour évaluer le comportement sexuel d’un individu. Nous nous consacrerons donc à l’étude de deux réponses : les variations dans le volume du pénis (VVP) et les variations dans la vasocongestion vaginale (VVV). Un aspect intéressant de ces mesures est leur spécificité ; ainsi, Bancroft et Mathews (1971) estiment que le VVP, contrairement à d’autres mesures comme la réponse psychogalvanique, ne réagit qu’aux stimuli sexuels et non pas à un ensemble de stimuli sexuels et non sexuels. Geer (1977), quant à lui, croit qu’il en serait de même pour le VVV. De ces deux instruments, le mieux connu et le plus ancien est le VVP. Freund (1963) a été le premier à décrire ce type de mesure et l’a désigné par le terme pénilpléthysmographe. Cet instrument a d’abord été utilisé essentiellement dans le cadre d’études sur les problèmes d’orientation sexuelle. Geer (1977), analysant ces diverses études, conclut que le VVP est probablement un instrument valable de discrimination entre les sujets présentant diverses préférences sexuelles. Quant aux dysfonctions sexuelles, deux types d’études sur le VVP retiendront notre attention. Les premières portent sur l’utilisation de cet instrument dans le cadre d’une thérapie par rétroaction biologique ; Herman et Pressitt (1974) ont utilisé la rétroaction du VVP pour traiter un cas de dysfonction érectile. Le VVP pourrait probablement être utilisé aussi dans l’évaluation d’un programme de modification du comportement sexuel, si toutefois les résultats des diverses études sur les déviations sexuelles s’appliquent également aux dysfonctions sexuelles. Dans ces études (Abel, Levis et Clancey, 1970 ; Bancroft, 1974 ; Barlow, Reynolds et Agras, 1973 ; Herman, Barlow et Agras, 1974 ; Beumont, Bancroft, Bearwood et Russell, 1972 ; McConaghy, 1970 ; McConaghy et Barr, 1973 ; McCrady, 1973 ; Tennent, Bancroft et Cass, 1974), le VVP est utilisé pour mesurer la réaction du sujet à différents stimuli (photos, films ou matériel sonore). On suppose que, si la réponse génitale à ces stimuli reflète effectivement un intérêt ou une [54.243.2.41] Project MUSE (2024-03-28 18:21 GMT) Méthodes d’évaluation des dysfonctions sexuelles 145 préférence, des changements dans ces intérêts ou préférences devraient transparaître dans les mesures. Dans l’ensemble, les résultats confirment cette hypothèse ; en effet, ces recherches, qui vont de l’étude de cas aux expériences en laboratoire, indiquent que le VVP permet de constater les changements survenant au cours de la thérapie. Quant au VVV, il consiste dans un appareil photopléthysmographique permettant de détecter le degré de vasocongestion dans les parois vaginales. Son utilisation aux fins d’évaluation thérapeutique demeure limitée. Ainsi, Heiman (1975, 1977) souligne que, par rapport à des sujets orgasmiques, les femmes anorgasmiques ont un moins haut degré de réaction au VVV en présence de films ou de fantaisies érotiques. Geer et Quartararo (1976) mentionnent que le VVV pourrait permettre d’objectiver la présence d’une réponse orgasmique chez la femme. Des études sur le développement d’instruments d...