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CHAPITRE I DÉVELOPPEMENT LOCAL ET TRANSFORMATION SOCIALE Esquisse d’une problématique 1. LE TRAVAIL SOCIAL À L’ÉPREUVE DE L’ÉCONOMIE ET DU TERRITOIRE« Quand l’économique ne suit plus ou, plutôt, quand l’économique ne porte plus la croissance du social, comment réorganiser ce dernier ? » (Ion, 1990, p. 43.) Voilà une question centrale que les intervenants sociaux ne peuvent esquiver. Finie l’époque où les professions du « social » se situaient pour la plupart à l’intérieur d’un schème simple où se combinaient une conjoncture économique favorable et le développement d’un État social branché sur les demandes des mouvements sociaux. Finie également l’époque où l’extension du secteur public se faisait au gré de l’identification de nouveaux besoins et où l’intervention sociale avait principalement lieu dans les institutions publiques. L’intervention sociale, le travail social et, plus largement, le développement social font face aujourd’hui à de nouveaux défis suscités par une conjoncture où alternent dépression économique prolongée et progrès économique (gains de productivité) sans progression correspondante de l’emploi et de la redistribution étatique. Explicitons quelques-uns de ces défis. 2 Développement économique communautaire Intervention sociale, organisation communautaire et développement local Lorsque nous parlons d’intervention sociale, nous pensons surtout à l’intervention de type communautaire (Doucet et Favreau, 1991, p. 631 )1 . Cette intervention sociale, dite « d’organisation communautaire », nous renvoie au travail d’une équipe, d’un organisme ou d’une institution dans une communauté locale en vue d’y opérer un changement. Cette intervention sociale, par différentes méthodes, aide une communauté à s’engager « dans une action collective planifiée dans le but de s’attaquer à des problèmes sociaux en s’en remettant à un système de valeurs démocratiques. Sa préoccupation touche des programmes visant des changements sociaux en relation directe avec des conditions de l’environnement et des institutions sociales » (Kramer et Specht, 1983, p. 14). De façon plus précise encore, il faut définir l’organisation communautaire comme une intervention sociale dont le but arrêté est de susciter l’organisation et la mobilisation des populations de communaut és locales en vue de leur assurer plus de force et de pouvoir social (empowerment). En règle générale, il s’agit à la fois d’une démarche de participation volontaire (mettant à contribution l’engagement social de leaders des communautés concernées) et d’une démarche de participation suscitée ou provoquée (mettant à contribution des intervenants professionnels ou semi-professionnels engag és par ces populations pour favoriser une meilleure organisation de celles-ci). Comme intervention sociale, l’organisation communautaire se caractérise par les traits suivants : 1. Elle agit au sein des communautés locales d’abord comme un bottom-up process (traduit littéralement, une approche par en bas, par opposition ou top clown approach, approche par en haut à partir des politiques sociales d’un État). 1. Ce n’est cependant pas exclusif puisque l’intervention psycho-sociale de nature préventive inclut le développement local dans son champ (Pransky, 1991, p. 277-288; Fréchette, 1996). [3.15.218.254] Project MUSE (2024-04-25 22:03 GMT) Développement local et transformation sociale 3 2. Elle mise sur le potentiel de changement social des communaut és locales à partir de l’identification de besoins ou de probl èmes suscitant des tensions dans ces communautés. 3. Elle possède une visée de transformation sociale et de démocratisation permanente. 4. Elle se préoccupe principalement d’organiser de nouveaux pouvoirs et services au sein de ces communautés locales. 5. Elle se démarque de la pratique traditionnelle d’aide sociale (les organismes de charité), c’est-à-dire qu’elle met l’accent sur les forces, talents et habiletés des gens, et non pas sur leurs insuffisances. L’organisation communautaire s’est donc développée autour d’un certain nombre de valeurs et d’une pensée sociale qui lui est propre. En effet, ses tout premiers référents sont les classes populaires , la justice sociale, la création de nouveaux pouvoirs dans les communautés locales (grassroots democracy), l’éducation populaire, l’action politique locale, etc. Pour en arriver à réaliser ces objectifs, l’organisation communautaire , comme tout mode d’intervention, doit être comprise sous un double registre : 1. une croyance dans la capacité de changement des communaut és...

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