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Épilogue Nous avons accosté les terres du bien et du mal. Nous avons arpenté le« mystérieux pays de la morale » au territoire luxuriant, particulièrement escarpé et montagneux. Nous avons exploré ce pays aux contrastes variés, rarement sous un soleil radieux, mais sous un ciel plutôt gris. Nous avons parfois même cheminé dans le brouillard des mots, en ressentant à l’occasion certains malaises et un peu de vertige. Au cours de notre exploration, nous avons eu comme guide, un explorateur omniprésent, mais qui s’est fait le plus souvent très discret. Il s’agit de Nietzsche. Comme lui, nous avons été amené à soulever la question de l’origine de nos idées du bien et du mal, sans toutefois y répondre. Comme lui, nous avons éprouvé quelques soupçons à propos de la valeur de la valeur. Comme lui, nous avons ressenti l’extrême fragilité du sens que l’on donne aux actions humaines. Au cours de notre trajet, nous sommes passé de la morale où se joue de façon prioritaire le jeu complexe de la prescription à l’éthicologie où nous avons échappé à la force de gravitation de la règle. Nous avons alors expérimenté un processus de questionnement portant à la fois sur la dynamique qui anime cette prescription et sur les rouages de l’axiologie. En cheminant de la morale à l’éthicologie, nous sommes passé par l’éthique où nous avons constaté qu’elle s’élabore dans les dédales de la recherche du fondement et des finalités de l’action. Tout au long de ce cheminement, nous avons appris à marcher. Nous nous sommes, d’une part, donné un certain nombre de concepts, 122 La morale • L’éthique • L’éthicologie d’outils d’exploration et, d’autre part, nous nous sommes employé à dresser la topographie du territoire parcouru. Nous nous sommes éloigné des questions concrètes et cruciales qui se posent à la conscience contemporaine. En apparence seulement. Nous avons pris du recul face aux problèmes cruciaux qui sont soulevés dans plusieurs secteurs de la vie sociale, dans le but de nous assurer pour un temps la distance nécessaire pour mieux voir, pour voir différemment ce qui se passe autour de nous. Les bruits et les agitations du quotidien, les espoirs et les angoisses qui animent les hommes et les femmes d’aujourd’hui, nous ne les avons pas ignorés. Nous les avons pris en compte, car ils sont à l’origine du questionnement sur lequel se fonde l’élaboration du triptyque qui a fait l’objet de cet ouvrage. Dans le feu de l’action, devant la complexité des problèmes qui se posent à nous, il y a un temps — et il est souvent très court — pour prendre des décisions concrètes et cruciales : c’est le temps de la morale. Il y a aussi un temps pour réfléchir plus longuement, dans un esprit de dialogue, sur les principes d’action et les finalités qui nous guident : c’est le temps de l’éthique. Il y a enfin un troisième temps, celui où l’on examine encore plus profondément nos méthodes d’approche de ces questions, le jeu de langage que nous utilisons, le contenu des concepts employés dans nos discussions, les références qui nous servent de points de repère et donnent sens à nos actions : c’est le temps de l’éthicologie qui permet d’aborder le plus lucidement possible les problèmes qui se posent à nous. Puissent les réflexions et la démarche éthicologique proposées dans cet ouvrage être d’une quelconque utilité à celles et ceux qui s’intéressent à la morale et à l’éthique ainsi qu’aux personnes qui sont aux prises avec des décisions complexes à prendre ! ...

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