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Premier tour de piste sur l’autoroute électronique. La vidéo à la carte à l’Université d’Ottawa
- Presses de l'Université du Québec
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Premier tour de piste sur l’autoroute électronique La vidéo à la carte à l’Université d’Ottawa Pierre C. BÉLANGER1 Professeur — Département de Communication Université d’Ottawa Denis BACHAND2 Directeur — Département de Communication Université d’Ottawa INTRODUCTION À en croire le vice-président américain Al Gore et toute la pléthore de discours que l’on consacre ces temps-ci à l’autoroute électronique, les routes de l’avenir ne seront pas pavées de bitume mais plutôt d’une myriade de microcircuits et de fibres optiques. Il semble bien, en effet, que toutes les innovations technologiques reliées au domaine des communications convergent actuellement vers cette infrastructure qui doit nous faire franchir le seuil du XXIe siècle. Aussi n’est-il pas étonnant de constater que les industries de télécommunication tentent l’impossible pour s’arroger la part du lion des milliards de dollars qui sont consentis à ce mégaprojet politico-industriel. Nous en avons un exemple frappant dans le domaine du marché canadien de l’interurbain où la concurrence fait rage. On ne se surprend pas non plus que le président américain Bill Clinton appuie ce projet d’autoroute électronique, identifié comme source d’une possible sortie de crise. À l’heure où les emplois sont 1. Pierre C. Bélanger est professeur au département de Communication de l’Université d’Ottawa. Il a consacré sa thèse de doctorat à l’étude de la première génération d’usagers du système interactif de télévision Vidéoway. Il a assuré la direction de la présente recherche. 2. Denis Bachand est directeur du département de Communication de l’Université d’Ottawa. Ses recherches récentes portent sur les théories de la réception. 356 Pierre C. Bélanger et Denis Bachand éliminés par centaines de milliers, imposant ainsi une remise en cause de nos modes de vie, l’élaboration d’un vaste chantier d’infrastructures électroniques semble la panacée des années 90 à la crise économique mondiale. Il n’en fallait pas plus pour que les industries se lancent à l’assaut de ce nouvel Eldorado. Des compagnies importantes y consentent de substantiels investissements, et les résultats commencent à poindre. Des alliances voient le jour entre fournisseurs d’infrastructures techniques et concepteurs de logiciels. L’industrie du multimédia s’arrime aux câblodistributeurs et aux compagnies de télécommunication dans une course contre la montre pour occuper la position sur la ligne de départ de l’INFOBAHN3 . Ce combat de titans que se livrent les diverses compagnies pourvoyeuses d’infrastructures invite, par ailleurs, les agences réglementaires à se prononcer sur la nature des services qui seront dispensés. Parmi ceux évoqués à ce jour, tels le téléachat, les services bancaires, les jeux vidéo, le courrier électronique et les divertissements « à la carte », la vidéo à la carte occupe une position privilégiée. La faculté de visionner un film de son choix à n’importe quelle heure du jour (ou de la nuit) apparaît, en effet, comme un atout qui favorise nettement l’implantation d’une telle technologie de transmission. Tout utilisateur de matériel audiovisuel pressent d’emblée les retombées qui peuvent en découler. Il n’est alors pas étonnant de remarquer que cette souplesse d’utilisation soit à la source de l’inclusion de ce service dans les plans de développement de la plupart des compagnies qui désirent s’assurer une place de choix sur l’autoroute électronique. Stentor, un consortium réunissant les neufs plus importantes compagnies canadiennes de téléphonie, est l’une d’entre elles. Ses laboratoires de recherche, en collaboration avec ceux de la compagnie américaine Bell Atlantic, œuvrent à mettre au point une technologie de transmission du signal audio-vidéo par voie de fils téléphoniques traditionnels. Au Canada, comme aux États-Unis, les compagnies de téléphone n’ont pas le droit d’acquérir des compagnies de câblodistribution pas plus qu’elles ne sont autorisées à transmettre le signal vidéo. Cependant, en juillet 1992, la FCC (Federal Communications Commission) autorisa les compagnies de télécommunication à déroger momentanément à cette règle durant une période d’essai limitée. Selon l’agence américaine, le 3. L’usage du terme INFOBAHN est de plus en plus fréquent dans la littérature consacrée à l’informatisation...