In lieu of an abstract, here is a brief excerpt of the content:

Le moment que choisit Claude Castonguay pour fonder, en association avec Pierre Lemay, le premier cabinet francophone d’actuaires-conseils au Québec coïncide avec la mutation de la société québécoise mieux connue sous le nom de Révolution tranquille. Le Québec entend alors se donner une nouvelle identité par le biais d’une refonte de ses institutions politiques, économiques et socioculturelles fondamentales13 . Sur le plan politique, le gouvernement québécois s’affirme comme principal planificateur et maître d’œuvre de la société québécoise. Successivement, il assume la prise en charge de l’aide sociale, de l’éducation, de la santé et des services sociaux. En matière économique, l’État devient un entrepreneur de grands travaux d’infrastructure, tels la nationalisation de l’électricité, le développement des ressources hydrauliques de la Baie James et la fondation de puissantes régies et sociétés d’État. Il en résulte une progression et une modernisation considérables de la fonction publique ainsi que des législations sociales, comme la réforme du Code civil. Du coup, l’État L’actuaire-conseil : les années 60 devient un employeur privilégié dans une sorte de dirigisme économique qui contrôle passablement l’entreprise privée. Enfin, les relations avec le gouvernement fédéral deviennent de plus en plus tendues, à mesure que s’intensifie le mouvement nationaliste qui n’hésite pas à recourir à des slogans tels « maître chez nous »13 . Sous le gouvernement Lesage, les principales réalisations de l’État sont : la création du Conseil d’orientation économique du Québec en 1961 ; la création de la Société générale de financement en 1962 ; la formation d’Hydro-Québec ; le Comité Boucher sur l’assistance publique en 1963 ; l’adoption de la Loi sur l’aménagement rural et le développement agricole en 1963 ; la création de Soquem pour stimuler l’exploitation minière en 1963 ; la création de Sidbec pour relancer l’industrie de la sidérurgie en 1964 ; l’adoption du Code du travail en 1964 ; la création de la Régie des rentes du Québec en 1965 ; la création de la Caisse de dépôt et placement en 1965 ; l’adoption de la Loi sur la fonction publique en 1965. Par ailleurs, de manière générale, le gouvernement Lesage bénéficie d’une conjoncture économique favorable qui se traduit par un retour à la prospérité à partir de 1961-1962, une croissance annuelle de l’inflation de 3,0 % entre 1962 et 1966, une baisse du taux de chômage de 9,2 % en 1960 à 4,7 % en 1966 et un accroissement rapide des recettes fiscales13 . DANS LES COULISSES DE LA RÉVOLUTION TRANQUILLE14 À la fin des années 50, la structure industrielle du Québec et le coût de la vie font que seule une minorité de travailleurs parviennent à mettre de l’argent de côté pour leur retraite. En effet, rares sont les entreprises qui offrent à leurs employés d’adhérer à des régimes privés de retraite, et souvent, la planification financière de ces régimes laisse à désirer. Dans l’ensemble, le secteur privé (compagnies d’assurances et entreprises) demeure donc incapable d’assurer le bien-être de la majorité, sinon de l’ensemble des travailleurs à la retraite. 24 [52.14.130.13] Project MUSE (2024-04-19 02:56 GMT) Élu en juin 1960, le gouvernement Lesage amorce une réforme globale de la politique sociale. Sur la base des recommandations formulées par le Comité Boucher, chargé d’étudier l’assistance publique, le gouvernement québécois s’engage à assumer les rôles de mandataire et d’organisateur en matière de sécurité sociale et d’assistance publique. La question de la sécurité de la vieillesse constitue un volet important de cette réforme de la politique sociale, alors que la création d’une caisse de retraite publique et la transférabilité des prestations acquises dans un régime privé font figure d’éléments clés. Dès septembre 1960, Lesage charge le ministère du Travail de rassembler une documentation générale sur les régimes privés de retraite. En 1961, il confie à Wheeler Dupont, l’ancien surintendant adjoint du Bureau des assurances du Québec, le mandat d’étudier les régimes de...

Share