Pratiques d'action communautaire en CLSC: Acquis et défis d'aujourd'hui

Des défis à la mesure de nos acquis

Des défis à la mesure de nos acquis ! Raymond Cadrin Bienvenue à ce troisième colloque du Regroupement québécois des intervenants et intervenantes en action communautaire en CLSC (RQIIAC). Je suis content de vous voir et de constater que nous sommes presque aussi nombreux d’un colloque à l’autre, de Québec à Montréal, puis maintenant à Hull, si près du lac Meech... En tant que regroupement, nous pouvons transposer symboliquement que nous en avons fait du chemin ! Merci à l’Université du Québec à Hull de nous accueillir et d’avoir contribué activement et financièrement à l’organisation de ce colloque. L’ex-président du RQIIAC, Gilles Beauchamp, parlait en 1990 d’organiser un colloque international. Peut-être franchissons-nous une première étape en recevant un acteur important de l’organisation communautaire aux États-Unis, M. Harry Boyte. Ce troisième colloque se tient sous le thème « Des acquis, des défis ». Deux mots courts mais combien lourds de sens, puisqu’ils renvoient à des fondements, des réalisations, des bases pour poursuivre notre travail d’action communautaire. Ils nous invitent à regarder vers l’avenir, avec une conscience de ce qui peut nous attendre. DES ACQUIS Nous avons beaucoup d’acquis en tant qu’intervenants et intervenantes communautaires dans chacun de nos milieux, si nous considérons les réalisations auxquelles nous avons contribué, en association avec les gens de nos communautés locales. Nous pouvons être fiers de nos acquis communautaires : la création de nouvelles ressources, de services directs à des populations, d’organismes communautaires variés, des actions de changement et de défense de droits ainsi que la mise sur pied d’instruments de développement dans nos milieux. Les réalisations concrètes sont là, mais il faut souligner aussi les prises de conscience de certains problèmes sociaux par des gens que nous avons amenés à travailler ensemble, en étant ainsi des acteurs stimulants de nos milieux. Enfin, nous ne pouvons négliger dans ces interventions collectives, l’apport au développement personnel des personnes engagées dans ces actions. Mais la modestie nous étouffe souvent, nous empêchant de mettre davantage en valeur notre travail et freinant ainsi une meilleure reconnaissance de notre contribution. Des acquis, certains ressortent quand nous regardons globalement l’évolution et le bilan de l’action communautaire au Québec. Mentionnons ainsi l’apport du livre de Laval Doucet et de Louis Favreau, Théorie et pratiques en organisation communautaire. Cet ouvrage arrive à un moment opportun, pour rappeler les assises historiques et toujours actuelles de l’organisation communautaire, afin de mieux nous éclairer sur sa spécificité. Il nous démontre aussi l’intérêt de la collaboration entre le RQIIAC et le milieu de l’enseignement et de la recherche. Un autre acquis, c’est le rôle de premier plan que l’action communautaire a souvent joué pour assurer un lien essentiel entre l’établissement public qu’est le CLSC et la communauté, particulièrement avec les organismes communautaires qui en sont des partenaires privilégiés. L’action communautaire en CLSC, que nous avons fait évoluer en fonction de tout un contexte social, économique, politique et culturel en continuel mouvement, représente aussi un acquis dynamique. Nous avons su développer de nouvelles pratiques, nous donner de nouveaux moyens et de nouvelles stratégies d’action en fonction d’une problématique sociale à laquelle nous devons faire face. Cette action communautaire a su résister aux intempéries et remises en question, nonobstant son rôle dérangeant. Elle s’est actualisée aussi avec plus de pragmatisme, par la valorisation d’une approche de concertation, sans perdre de vue les orientations fondamentales et les questionnements toujours essentiels dans notre travail. Personnellement, dans tous ces change16 Raymond CADRIN ments, nous avons eu à nous renouveler, à nous adapter, à faire preuve de créativité et à vivre avec un petit côté toujours insécurisant... qui peut-être en fin de compte nous stimule ! Un autre acquis, c’est le regroupement que nous nous sommes donné en 1988, qui a contribué à un réel rapprochement des intervenants communautaires et a joué un rôle actif dans le développement de notre pratique professionnelle. Mentionnons particulièrement la réalisation d’un outil d’information, de réflexion et de visibilité du RQIIAC, le bulletin Interaction communautaire. Notre regroupement constitue un acquis, tout en demeurant un...