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CHAPITRE 16 Un nouveau contrat social pour la prévention du décrochage scolaire Yao Assogba Le présent mini-texte est un essai de synthèse des résultats de quelques expériences de prévention de l’abandon scolaire au Québec et des réflexions théoriques menées, au début de cette décennie, par deux sociologues français sur l’école et la culture1 . Dans un premier temps nous rappelons brièvement la portée et les limites des interventions effectuées ici et là au Québec pour contrer le décrochage scolaire. Dans un deuxième temps, nous nous inspirons de Baudelot et Establet pour formuler la thèse selon laquelle une réelle politique de persévérance scolaire (ou en d’autres termes une réelle politique de prévention de l’abandon scolaire) doit être fondée sur un nouveau contrat social en matière d’éducation et de culture. 1. C. BAUDELOT et R. ESTABLET (1991). « Pour l’instauration d’un SMIC culturel à l’école. Quelques éclaircissements », Sociologie et Sociétés, vol. XXIII, n° 1, p. 181-187. 188 Yao ASSOGBA LE POINT SUR DES INTERVENTIONS DE PRÉVENTION DU DÉCROCHAGE SCOLAIRE La persévérance scolaire est l’effet combiné des facteurs d’ordre social, familial, personnel et institutionnel. Mais paradoxalement les actions entreprises pour contrer la non-persévérance scolaire ou le problème du décrochage scolaire dans les écoles secondaires (notamment) au Québec sont en général ponctuelles et axées sur un seul facteur. C’est ainsi, par exemple, qu’une école de concert avec un organisme communautaire peut mettre sur pied une expérience pilote de prévention axée uniquement sur l’intervention auprès des élèves « potentiellement décrochables2» ou bien l’État élabore des politiques « factuelles » de prévention du décrochage scolaire. Qu’il suffise dans ce cas de penser au projet du ministère de l’Éducation du Québec qui vise à augmenter le nombre de jours d’école ou à réduire le nombre d’évaluations des élèves. Jusqu’ici ces expériences semblent n’avoir qu’une portée fort limitée. En effet, une étude récente3 du Centre de recherche et d’intervention sur la réussite scolaire (CRIRES)4 montre le faible succès de plus de 230 projets d’intervention visant à assurer la réussite scolaire, à prévenir et à corriger les problèmes d’échec et d’abandon scolaire au Québec. Malgré leurs résultats limités ces expériences, d’une part, et celles de « raccrochage scolaire » effectuées par des organisations communautaires, d’autre part, sont cependant riches d’enseignements. La plupart des études5 portant sur ces projets d’interventions concluent généralement que la solution au problème du décrochage scolaire se trouverait sans doute dans un programme d’intervention globale et préventive. La mise 2. C’est le cas par exemple du programme connu sous le nom de « L’école avant tout ». Ce programme du gouvernement fédéral (administré par le ministère de l’Emploi et de l’Immigration du Canada) a pour but de permettre aux organisations communautaires et à d’autres intervenants des régions de développer des projets susceptibles d’aider les élèves du secondaire à persévérer dans leur scolarisation. 3. CENTRE DE RECHERCHE ET D’INTERVENTION SUR LA RÉUSSITE SCOLAIRE (CRIRES) (1992). Un inventaire des pratiques favorisant la réussite scolaire dans les écoles primaires et secondaires du Québec, Québec, CRIRES. 4. Le CRIRES a été créé conjointement par la Faculté des sciences de l’éducation de l’Université Laval et la Centrale de l’enseignement du Québec (CEQ). 5. Voir « Décrocher, raccrocher », numéro spécial et thème de Apprentissage et socialisation, vol. 15, n° 1, printemps 1992. [3.145.130.31] Project MUSE (2024-04-24 12:03 GMT) Un nouveau contrat social pour la prévention du décrochage scolaire 189 en œuvre d’un tel programme devrait comprendre les acteurs sociaux suivants : la famille, la communauté locale, l’école, l’État, l’entreprise, etc.6 . Mais quel doit être l’enjeu de ce programme ? La réponse est évidente : c’est le savoir ou la connaissance normés par l’école garantis à chaque jeune. Le décrochage scolaire se présente dans la société moderne (et postmoderne) comme...

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