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2.1. L’organisation communautaire avec des jeunes JEAN-FRANÇOIS RENÉ Nés au coeur de la crise économique qui frappe l’Occident à partir du milieu des années 70, les Organismes communautaires jeunesse tentent de répondre depuis ce temps aux multiples besoins des jeunes d’aujourd’hui. Ils touchent de nombreux champs d’intervention : animation locale auprès des 12-18 ans (maisons de jeunes) ; hébergement pour les jeunes adultes ; insertion socioprofessionnelle pour les 16-30 ans, etc. Ces pratiques, qui foisonnent un peu partout à travers le Québec, sont à la fois essentielles, compte tenu du soutien qu’elles apportent, et originales dans l’approche qu’elles proposent. Pourtant, sauf exceptions, elles sont perpétuellement aux prises avec des problèmes de financement, ce qui met en péril, sinon leur survie formelle, à tout le moins l’autonomie effective dont elles disposent présentement. LA TOILE DE FOND D’entrée de jeu, impossible de passer sous silence l’impact sur les jeunes générations des multiples transformations socio-économiques qui frappent les pays occidentaux depuis le milieu des années 70. Au Québec, les récessions en chaîne influent tant sur les conditions d’accès au marché du travail que sur l’orientation à donner aux politiques économiques et sociales. En ce sens, les nouvelles générations se retrouvent depuis plus de dix ans face à un problème d’insertion économique majeur, que reflète assez bien leur fort taux d’inactivité. Au début 276 Deuxième partie des années 80, en pleine récession économique, plus du quart (25 %) des 1519 ans sont en chômage1 . Statistiquement, la situation s’améliore un peu vers la fin de la décennie, ramenant le pourcentage de jeunes chômeurs sous la barre des 20 % et réduisant le nombre de bénéficiaires de l’aide sociale de près de moitié. Toutefois, durant la même période, un nouveau phénomène économique frappe de plein fouet : la précarisation du marché du travail. En tant que nouveaux arrivants, les plus jeunes sont directement touchés par cette réorientation de l’économie. Ce qu’on leur offre maintenant ce sont des emplois à temps partiel, à contrat, temporaires, etc., avec des conditions salariales et de travail nettement inférieures à ce qui se fait normalement dans les secteurs concernés2 . Si nos institutions économiques sont en mutation, la famille n’est pas en reste, et n’offre plus, elle non plus, un profil unique. Familles éclatées, familles recomposées, familles monoparentales, voilà autant de formes nouvelles de vie familiale. Il ressort qu’un tel éclatement exige des enfants d’aujourd’hui de fortes capacités d’adaptation, et conduit parfois à de sérieux problèmes d’insertion. En témoigne une étude sur les jeunes itinérants à Montréal : « [...] dès lors qu’une société ne produit plus de définitions claires et univoques des rôles et des formes de contrôle social, il y a risque que cette situation anomique entraîne la fragilisation des personnalités, et avec elle toutes sortes de vacillements comportementaux3 .» Nos grands paramètres d’ordre culturel sont également en crise. Nous assistons, à la faveur de l’arrivée massive de nouveaux immigrants, à la pénétration de nouvelles cultures . Par le biais des canaux modernes de transmission, nous vivons à l’ère de la mondialisation de la culture. Et notre avenir collectif reste toujours à définir (autonomie du Québec, écologie). Les bouleversements sont donc ici aussi nombreux. Et si le métissage des cultures comporte de grandes richesses, il peut parfois générer l’instabilité et l’insécurité chez les jeunes générations. Sur cette toile de fond se déploie un certain nombre de problèmes sociaux : décrochage scolaire, suicide, toxicomanie, itinérance, maladies transmises sexuellement, violence familiale, violence raciale, etc. Ils témoignent de l’actuelle difficulté de vivre de nombreux jeunes québécois. 1. K. ACHARD et al. (1986). «Aujourd’hui les jeunes», INFO-FNEEQ, 4, (3). 2. Richard LANGLOIS (1990). S’appauvrir dans un pays riche, Centrale de l’enseignement du Québec, Montréal, Éditions Saint-Martin, p. 63 sq. 3. Y. LAMONTAGNE et al. (1987). La jeunesse québécoise et le phénomène des sans-abri, Québec, Québec Science Éditeur, p. 36. [3.135.183.89] Project MUSE (2024-04-19 02:50 GMT...

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