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Le Dr E. Pidémio s’en va-t-en guerre... Les hasards de la vie et l’évolution de leurs carrières respectives avaient séparé E. Pidémio et Anna-Lise depuis l’époque où ils fréquentaient les mêmes bancs de la faculté. C’est fortuitement qu’ils se rencontrèrent de nouveau un jour qu’E. Pidémio était allé faire des emplettes dans la ville où ils avaient fait leurs études. Les retrouvailles furent chaleureuses, et E. Pidémio invita son amie à venir déjeuner le dimanche suivant dans la jolie maison où il était installé à Villebidon. Il prépara longuement son menu et sortit de bonnes bouteilles. Le repas fut une réussite. Les deux amis passèrent l’après-midi à se décrire mutuellement leurs activités. — E. Pidémio : Ça m’a l’air bien intéressant, tout ce que tu m’as raconté sur l’épidémiologie et ses différents usages. Ça pourrait me servir à moi aussi. Est-ce que tu ne pourrais pas m’initier un peu à la chose ? — Anna-Lise : Bien volontiers... Pour commencer, Anna-Lise suggère à son ami de se familiariser avec quelques notions fondamentales, en particulier d’apprendre à calculer un taux. La lecture d’un article comparant la mortalité par cardiophatie ischémique dans les différents pays européens lui fournit le thème de son premier exercice. L’augmentation de la mortalité du sud vers le nord de l’Europe est frappante. La France et les pays voisins (Espagne, Italie, Suisse, Autriche...) semblent en effet relativement moins menacés. L’Hexagone, par exemple, affiche la mortalité la plus faible d’Europe : 108,3 pour 100 000 chez les hommes de 35 à 64 ans. Je vais essayer de connaître la mortalité par cardiopathie ischémique à Villebidon et la comparer au taux français global qu’Anna-Lise m’a 22 L’ÉPIDÉMIOLOGIE SANS PEINE donné, se dit notre apprenti épidémiologiste. Les Villebidonniens sont-ils particulièrement épargnés ou au contraire atteints ? Comment vais-je m’y prendre ? Il suffit sans doute de rapporter le nombre de décès par cardiopathie ischémique que j’ai constatés l’année dernière (je les ai notés dans mes dossiers) à l’effectif global des malades de Villebidon puisque je suis le seul médecin de la localité... À l’occasion d’une sortie en forêt, E. Pidémio propose son calcul à l’infaillible critique d’Anna-Lise. —Tu t’es planté, mon vieux ! s’exclame-t-elle. Comme beaucoup d’épidémiologistes à leurs débuts. Un taux, c’est effectivement un numérateur divisé par un dénominateur. Pour le moment, on est d’accord ! Mais si tu veux comparer ce qui se passe dans ta ville aux données dont tu disposes : • il faut qu’au numérateur tu ne dénombres que les décès par cardiopathie ischémique survenus l’année dernière chez les hommes villebidonniens de 35 à 64 ans ; • de plus, ton dénominateur est complètement faux : d’une part, il y a peu de chances que le nombre total de tes patients coïncide avec l’effectif de toute la population de ta ville et surtout, ici encore, tu dois rapporter le numérateur à l’effectif total de la population villebidonnienne masculine âgée de 35 à 64 ans ! — Ça se complique... conclut E. Pidémio. Mais s’il m’est possible de connaître l’effectif de la population, comment pourrais-je connaître sa répartition par âge et par sexe ? — Tout simplement en la demandant à l’INSEE * ou à son observatoire régional. Mais avant d’entreprendre tes calculs, laisse-moi t’expliquer quelques points : Tu es en train de faire de l’épidémiologie descriptive qui, pour l’essentiel, dénombre des morts ou des malades dans différentes populations. En ce qui concerne les décès, les épidémiologistes calculent des taux de mortalité (mortalité générale ou spécifique d’un âge ou d’une affection, etc.), c’est-à-dire le nombre de sujets décédés pendant une période rapporté à l’effectif de la population considérée. En ce qui concerne le nombre de malades (ce qu’on appelle habituellement la morbidité), on peut calculer : * L’INSEE (Institut National de la Statistique et des Études Économiques) est un organisme chargé de rassembler et de diffuser des données...

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