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En quête d’enquêtes Ouf Après avoir regardé en détail les nombreux histogrammes, les tableaux de croisement de variables, les résultats des analyses statistiques programmées sur l’ordinateur d’Anna-Lise, E. Pidémio essaie de dégager les points intéressants. La préenquête avait pour objectif de décrire la population des enfants atteints de maladie O.R.L. Les résultats ont été encourageants. Ils prouvent que l’étude est faisable : le nombre de sujets dont il dispose est suffisant, et les facteurs de risque qu’il veut étudier sont mesurables. Ces résultats ont même permis à E. Pidémio de faire certaines hypothèses sur l’origine de l’affection. En effet, sans une grande partie des questionnaires, les réponses concernant la température de la chambre à coucher indiquent des chiffres qui lui semblent vraiment excessifs. Et cette température lui a échauffé l’imagination à un tel point qu’il mettrait bien sa main au feu qu’il tient bien là un facteur de risque des affections O.R.L. D’autres résultats l’ont par contre un peu déçu : c’est ainsi que la profession des parents ne semble pas déterminer de différences dans l’incidence de la maladie. Comme Anna-Lise le lui avait conseillé, il a comparé la répartition par professions dans son échantillon à celle de Villebidon, mais sans voir aucune différence. De même, le tableau croisé profession x température ne montre pas de différences apparentes de la température de la chambre à coucher de l’enfant selon la profession des parents. En fin de compte, ce que les deux compères ont décidé d’étudier, c’est, comme dirait E. Pidémio, de savoir si l’on peut prendre froid à force d’avoir trop chaud ou, comme rectifia Anna-Lise (pour se rendre intéressante comme d’habitude), de savoir si l’exposition à une forte température peut être considérée comme facteur de risque éventuellement causal des affections O.R.L. aiguës de l’enfant, à Villebidon. À ce stade de leurs réflexions, E. Pidémio savait bien qu’il n’échapperait pas à un discours d’Anna-Lise. Aussi, il prit le fauteuil le plus confortable, se servit un verre et l’écouta. − Résumons-nous. Dans ta préenquête, tu n’as étudié que des enfants malades. Il te semble que la température de leur chambre à coucher est trop élevée. Est-ce que, par hasard, tu en conclus dès maintenant que la température constitue un facteur de risque de la maladie ? 48 L’ÉPIDÉMIOLOGIE SANS PEINE [3.17.128.129] Project MUSE (2024-04-24 15:25 GMT) LES AVENTURES DU DR E. PIDÉMIO ET DE SON AMIE ANNA-LISE 49 − Voyons, Anna-Lise, je sais bien ce que tu veux me faire dire. Je ne conclus rien du tout, pour la bonne raison que je n’ai aucune information sur la température de la chambre à coucher des enfants qui n’ont pas de problèmes O.R.L. Il est bien évident que si cette température est aussi élevée chez les uns que chez les autres, alors mon hypothèse de départ ne pourra pas être confirmée. − Tu n’auras bientôt plus besoin de moi !... C’est en effet pour cette raison qu’il va nous falloir maintenant un groupe de comparaison. De quoi s’agit-il ? Tu as vu, par exemple, qu’il fallait comparer la répartition des professions de ton échantillon à la répartition des professions de la population de Villebidon... − Mon Dieu ! Tu fais des vers !... − ... Nous avions, dans le cas de la profession, un groupe de comparaison tout prêt : la population générale. Pour étudier la température, c’est exactement la même chose, à ceci près que le groupe de comparaison, nous devrons le fabriquer nous-mêmes puisque, à la mairie, on ne te donnera pas d’indications là-dessus. − Il va falloir tenir un registre de la température des chambres à coucher à Villebidon ! − Mais non, ça n’est pas nécessaire ! Je vais commencer par t’expliquer la méthode qu’on emploie le plus souvent. Il s’agit d’une enquête cas-témoins. Au lieu de prendre comme groupe de référence la population générale, il faut prendre un groupe...

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