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Chapitre 3 Le pouvoir et son exercice 3.1. Le pouvoir ..................................................................................................65 3.1.1. Le pouvoir, une capacité ..................................................................67 3.1.2. Pouvoir signifie obtenir ...................................................................70 3.1.3. Avoir du pouvoir, l’utiliser et le savoir ............................................71 3.1.4. Le pouvoir, un écart .........................................................................73 3.1.5. Pouvoir et moralité ..........................................................................73 3.2. L’influence .................................................................................................74 3.3. Les modalités de l’exercice du pouvoir .....................................................77 3.4. La légitimité dans l’exercice du pouvoir ....................................................81 3.5. Le leadership et l’autorité ..........................................................................86 [3.133.121.160] Project MUSE (2024-04-25 17:58 GMT) Lors de la réunion mensuelle d’un service de comptabilité, le directeur du service et son adjointe s’adressent tour à tour aux autres membres présents. Lorsque le directeur parle, les gens manifestent une certaine nonchalance ; ils écoutent à peine et réagissent peu à ses propos. Par contre, lorsque l’adjointe s’exprime, les gens prêtent attention, discutent avec elle et, en général, acceptent bien ses idées. L’un et l’autre ont-ils de l’autorité, du pouvoir, du leadership, de l’influence ? Pour répondre correctement à ces questions, on doit avoir une compréhension claire de ces quatre concepts. L’objet du présent chapitre consistera à définir et à clarifier ces concepts de façon à couvrir correctement la réalité qu’ils représentent. Pour saisir avec justesse le sens des concepts d’autorité et de leadership, et surtout pour être capable d’établir les liens existant entre eux, il nous faut retourner au concept dont ils sont issus, celui de pouvoir. Bertrand Russell écrivait en 1938 : « Le concept fondamental dans les sciences sociales est le pouvoir, dans le même sens que l’énergie est le concept fondamental en physique » (p. 5). Chaque fois que deux personnes entrent en relation, il y a une possibilité de rapport de pouvoir entre elles ; ce potentiel de pouvoir s’active au moment où l’un des acteurs tente d’avoir un effet sur son interlocuteur. En fait, il est difficile d’imaginer une relation qui ne contienne pas de dynamique de pouvoir. C’est pourquoi il faut partir du concept de pouvoir quand on cherche à comprendre comment les gens s’influencent. Plusieurs auteurs se sont intéressés aux dynamiques et aux expressions du pouvoir dans les sociétés en général, mais peu ont produit des recherches ou des écrits sur la réalité du pouvoir dans les organisations. Les auteurs les plus connus sur le sujet sont Crozier (1963), Blau (1964), Pfeffer (1981), Homans (1958), French et Raven (1965), Ng (1980), Mintzberg (1983). La rareté des contributions sur le thème du pouvoir est d’ailleurs ressortie au chapitre 2. En fait, dans le domaine organisationnel, on a presque toujours traité d’autorité ou de leadership, mais les liens avec le concept de pouvoir ont somme toute été ignorés. D’une certaine façon, le concept de pouvoir fait peur ; il constitue une sorte de tabou. On évite d’en parler, sinon pour en condamner les 64 Chapitre 3 excès. Ce tabou est très présent dans les écrits sur le leadership d’avant 1980, où l’on rencontre rarement les mots « pouvoir » ou « puissance ». À partir de la fin des années 1970, on a assisté à une reconnaissance du phénomène, et dans les années qui ont suivi, un certain nombre d’articles et de volumes ont été publiés sur le sujet. Le tabou demeure néanmoins bien enraciné dans la culture nordam éricaine et il est facilement observable dans les comportements quotidiens. Par exemple, dans un cours universitaire sur le pouvoir dans les organisations, dispensé par l’auteur du présent ouvrage, plusieurs étudiants affirment dès le début entretenir un préjugé défavorable à l’endroit des manifestations de pouvoir. À quelques reprises, les étudiants (qui sont des adultes) ont été invités à exprimer les mots, expressions ou images qu’ils associent spontanément au pouvoir. Les évocations qui reviennent le plus souvent sont manipulation, violence, abus, contrôle, domination, exploitation, clandestinité, guerre, tyrannie. Ces expressions traduisent bien le mépris et la méfiance entretenus en général à l’endroit du pouvoir. Il faut dire que l’histoire de l’humanité offre assez d’exemples déplorables pour expliquer cette perception négative. Le fait d’avoir de la puissance ou d’en rechercher est souvent perçu comme indésirable...

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