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Chapitre premier À PROPOS DES CONCEPTS Il existe une théorie, soit tout un ensemble de thèses, d’interprétations et d’énoncés cohérents, sur la nature du concept, la façon de l’enseigner et le développement des habiletés impliquées dans le processus visant son acquisition. La réflexion théorique est fondamentale pour qui veut enseigner les concepts, promouvoir leur apprentissage et éveiller, chez l’apprenant, une conscience des voies qu’il privilégie pour accéder à ce savoir. A cette fin, le chapitre premier propose de considérer ces questions : savoir isoler un concept et ses attributs, pouvoir distinguer les types de concepts et parvenir à organiser un enseignement des concepts qui prenne en charge les habiletés impliquées dans le processus de conceptualisation. Ces différents aspects, croyons-nous, entrent dans la préparation à laquelle l’enseignant doit s’adonner pour rejoindre les idées pédagogiques de Bruner (1967), lesquelles inspirent le modèle d’enseignement qui est présenté. NOTION DE CONCEPT Une analyse même sommaire du sens du mot concept permet de mieux situer le modèle et de dégager certains corollaires pédagogiques. Le terme concept, au sens large, se réfère à l’imagination et se définit comme la représentation mentale d’une chose : avoir une idée de quelque chose, l’imaginer. Ce sens premier est impliqué dans la démarche qui conduit à l’acquisition de nouveaux concepts. Pouvoir conceptualiser fait référence au développement mental de l’individu et suppose une ou des étapes où l’imagination est active. Bruner (1965) identifie trois phases dans le développement mental et les fait correspondre à trois modes de représentation de la réalité : le mode enactif, iconique et symbolique. Le mode iconique est le mode de « l’image interne » ou de l’imagerie mentale alors que des images sommaires représentent le monde et tiennent lieu de concepts ; ce mode de représentation dépend donc de la perception et de l’organisation perceptuelle. Ces données apparentées au sens large du mot concept sont capitales au plan pédagogique ; elles font voir le rôle de l’image dans la structuration de la pensée chez les jeunes élèves qui ne sont pas parvenus au stade des opérations formelles, 20 COMMENT ENSEIGNER LES CONCEPTS selon l’appellation de Piaget, ou au mode « symbolique » de représentation de la réalité, selon Bruner. Quant au mode de pensée dit symbolique, qui est le principal outil de la pensée réflexive, il peut se passer ou pas de l’expérience concrète. C’est ce mode de pensée qui a donné lieu à la définition restreinte du mot concept, d’après Le Robert : « Une idée générale et abstraite construite par l’esprit soit à partir de l’expérience, soit à partir d’un contenu mental inné » ; ou encore, selon Tremblay (1968 ; p. 72) : « Une idée plus ou moins abstraite, un symbole qui désigne ou représente une réalité plus ou moins vaste. » Cette dernière définition met en évidence le niveau d’abstraction et l’étendue de la représentation qui sont des caractéristiques propres à chaque concept. Ces caractéristiques ou propriétés du concept seront des guides lors de la sélection des concepts à enseigner, car il faudra accommoder les choix à la phase de développement des apprenants. De plus, quel que soit son niveau d’abstraction, pour qu’un concept possède une utilité scientifique, il doit être défini de façon à rendre possible l’observation de certains aspects de la réalité (Tremblay, 1968 ; p. 72). Cette proposition est corroborée par Lavelle (1971), lorsqu’il dit que « toute la vie de l’esprit (...) consiste dans un double mouvement qui va du concept au réel et du réel au concept, de telle sorte que, de ces deux termes, l’un ne cesse d’éclairer l’autre, et l’autre de le nourrir ». Bruner semble particulièrement sensible à ce double mouvement dans la croissance cognitive de l’individu. Il croit que la connaissance qu’a un individu est basée sur des modèles construits à partir du réel, que ces modèles sont transformés par la culture en mythes, arts, sciences et que les individus les reprennent à leur tour pour leur compte personnel. C’est dire que...

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