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Module 2 — Les quatre préceptes du processus de l’évaluation créative
- Presses de l'Université du Québec
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MODULE 2 LES QUATRE PRÉCEPTES DU PROCESSUS DE L’ÉVALUATION CRÉATIVE A. OBJECTIFS DU MODULE Le principal problème pour un évaluateur créatif est de savoir quand une nouvelle situation d’évaluation peut être explorée de façon traditionnelle ou de façon inventive, c’est-à-dire selon une nouvelle perspective ; c’est la différence entre un connaisseur et un amateur en évaluation. L’évaluateur créatif apprend à développer des réflexes pour s’adapter et répondre à des situations d’évaluation très particulières et très générales. Il sait utiliser au maximum le potentiel de l’information transportée par les concepts qu’il utilise. Le présent module examine globalement le rôle de la pensée conceptuelle dans une démarche créative et présente quatre pierres angulaires pour concentrer l’attention autour du concept de l’évaluation créative. Plus précisément, les objectifs de ce module sont : • comprendre les principes qui permettent de percevoir et de répondre adéquatement à une situation d’évaluation ; • connaître les éléments qui augmentent la compréhension d’un concept. 26 LE SYSTÈME DE VALORISATION B. COMPRENDRE LES CHOSES ET AGIR DANS LE SENS DE CETTE COMPRÉHENSION : SAISIR LA FORCE MOTIVATIONNELLE QUI POUSSE LES GENS À AGIR Un vieil adage nous dit depuis toujours qu’il faut savoir pourquoi on agit avant d’apprendre : voilà le fil conducteur qui devrait guider toute démarche pédagogique d’apprentissage. Nous savons que le moment optimum de l’apprentissage se produit lorsque l’on saisit le sens d’une communication et qu’en même temps l’on sent les prémisses signifiantes ou la raison d’être de l’action entreprise. Toutefois, le point capital à percevoir, c’est le sens ; il faut d’abord commencer par capter un signal si l’on veut savoir quelque chose sur un phénomène. En somme, il faut être conscient. Watzlawick (1972) précise qu’il existe deux types de savoir : un savoir des choses et un savoir sur les choses. Nous en ajoutons un troisième qui est un savoir avec les choses, qui constitue le sens de la vie, la valeur, le partage. Le premier savoir est cette conscience des objets que nous transmettent nos sens : connaissance par familiarité, connaissance immédiate, connaissance actuelle. C’est le point de départ de la connaissance, c’est en quelque sorte un sens vital, animal si l’on veut. Chez un adulte, il est probablement très rare que le savoir demeure à ce premier degré, pourrait-on dire de niveau animal. Si tel était le cas, cela voudrait dire une perception par laquelle ni l’expérience passée, ni les contextes (social, économique, humain, administratif, physique, etc.) ne fourniraient d’explications et de prévisions signifiantes sur le concept ; car le concept a une histoire, un vécu et n’est pas neutre. L’homme est continuellement en quête d’un savoir sur les objets de son expérience ; il cherche à en comprendre la signification et à réagir conformément au sens de la compréhension qu’il possède des choses expérientielles. C’est le deuxième niveau, celui qui concerne le comportement explorateur que Berlyne et Day (1971) ont défini comme la curiosité. Plusieurs auteurs ont cherché à mieux définir ce concept ; il serait sans doute prétentieux de vouloir discuter de cela en profondeur dans le cadre de ce livre. Toutefois, pour plus de précisions à ce sujet, nous référons le lecteur au lexique pour comprendre les différents sens de ce mot. Enfin, ce qu’il est important de savoir, c’est que la personne, contrairement à l’animal, pose des questions et est libre de contrôler ses pensées. Finalement, de la somme de tous les sens qu’une personne a pu induire de ses expériences avec les objets de son environnement, naît une vision globale, unifiée du monde. Cette vision globale, unifiée, dans laquelle l’homme est plongé continuellement, représente le troisième niveau de la connaissance, [3.92.84.253] Project MUSE (2024-03-29 15:04 GMT) LES PRÉCEPTES DE L’ÉVALUATION CRÉATIVE 27 c’est-à-dire les prémisses signifiantes qui assurent l’existence de chaque être humain. Watzlawick (1969) soutient que « en même temps que s’acquiert un savoir ou un savoirfaire a lieu un...