In lieu of an abstract, here is a brief excerpt of the content:

La sexualité humaine : fondements phylogénétiques et déterminants culturels par Claude CRÉPAULT Joseph Josy LÉVY [18.116.13.113] Project MUSE (2024-04-19 12:33 GMT) La sexualité humaine constitue un phénomène complexe où se croisent les influences biologiques, psychologiques et socioculturelles. Dans le cadre de cet article, nous tenterons d'en dégager les fondements phylogénétiques et les déterminants culturels. Dans un premier temps, nous situerons la sexualité humaine par rapport à celle des espèces qui lui sont les plus apparentées (mammifères inférieurs et primates subhumains), et nous montrerons comment elle peut être considérée à certains égards comme le prolongement de la sexualité animale et, à d'autres, comme tour à fait distincte, voire même de nature différente. Dans un deuxième temps, nous illustrerons la variabilité des modes d'expression sexuelle chez l'humain à partir de l'approche transculturelle. LA SEXUALITÉ DES MAMMIFÈRES INFÉRIEURS ET DES PRIMATES SUBHUMAINS Les déterminants instinctifs Une des principales caractéristiques de la sexualité des mammifères inférieurs est d'être fondée sur de puissants déterminismes instinctifs qui sont des réactions non apprises, déclenchées automatiquement par des facteurs endogènes (signaux hormonaux) ou exogènes (lumière, chaleur, signaux phéromoniques ou autres). Le comportement sexuel dépend alors d'un ensemble de facteurs où le rôle de l'apprentissage est très restreint. Chez les primates subhumains par contre, à cause d'un développement plus complexe de la structure cérébrale, l'apprentissage joue un rôle plus important dans la réussite de la copulation. Le signal hormonal reste néanmoins déterminant. Par exemple, l'ablation des deux ovaires, si elle n'influence pas la sexualité de la femelle primate, semble au contraire affecter le comportement sexuel des mâles. En effet, les mâles sont peu enclins à copuler avec des femelles ovariectomisées (Everitt et Herbert, 1972). Ainsi, les sécrétions œstrogéniques qui provoquent l'enflure génitale et l'émission des messages phéromoniques lors de la période d'œstrus, semblent définir la 88 SEXOLOGIE CONTEMPORAINE valeur attractive de la femelle primate. Par ailleurs, il semble que le taux d'hormones androgéniques joue intimement sur le comportement sexuel tant du mâle que de la femelle primate. À ce niveau de phylogénèse, on constate enfin que le comportement sexuel femelle doit moins à l'apprentissage que celui du mâle. Par exemple, l'isolement dès la naissance affecte davantage le comportement sexuel du mâle que celui de la femelle (Harlow, 1962). Les périodicités sexuelles Une autre caractéristique de la sexualité des mammifères inférieurs c'est d'être astreinte à des périodicités et à une fonction purement conceptive. Chez les mâles de plusieurs espèces, l'excitation est induite par la femelle en état de rut ce qui entraîne une synchronisation sexuelle. Par contre, chez un certain nombre de primates subhumains, la vie sexuelle est continue même si les copulations se produisent plus fréquemment pendant la période où la femelle est féconde (Beach, 1976). C'est à ce niveau phylogénique qu'apparaît aussi le phénomène des menstruations. Il est à signaler que la femelle primate subhumaine est néanmoins réfractaire à la copulation pendant la gestation et l'allaitement ainsi que pendant ses périodes menstruelles. Les déterminants sensoriels de l'attraction sexuelle Chez les mammifères inférieurs, les stimuli-signaux d'ordre olfactif jouent un rôle primordial dans l'attraction sexuelle. Ainsi, l'odeur de la femelle en rut sert de repère au mâle. Il en est de même chez les primates subhumains où l'olfaction joue un rôle manifeste dans le comportement sexuel. Chez certains primates, les stimuli-signaux d'ordre visuel font toutefois partie intégrante du processus d'attraction sexuelle. Par exemple, l'enflure et la couleur de la peau génitale de la femelle primate en période d'œstrus, peuvent contribuer à l'excitation sexuelle du mâle1 . Les formes d'associations sexuelles Il existe des variations importantes quant aux formes d'associations sexuelles. Tandis que chez les petits mammifères, la promiscuité sexuelle est de règle, chez d'autres espèces (cerfs, otaries, etc.) la polygamie est présente. Chez les primates subhumains, on retrouve la même tendance. À ce...

Share