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1 Le parcours professionnel d’un archiviste aux multiples talents Jacques Grimard, 1947-2007 Carol Couture Jean-Pierre Therrien Bibliothèque et Archives nationales du Québec [3.133.109.30] Project MUSE (2024-04-20 02:50 GMT) acques Grimard est parti tellement vite et si tôt que son départ nous laisse avec une impression d’inachevé. Non pas que sa vie et sa carrière n’aient été bien remplies, bien au contraire, mais nous le savons tous, il avait encore de multiples projets en chantier et tellement à offrir. À l’aube de la soixantaine, il avait déjà consacré près de 40 ans de sa vie à la pratique et à l’enseignement de l’archivistique. Devenu archiviste en pratiquant le métier, Jacques a côtoyé les archivistes du monde. Il a aussi contribué à la formation d’une nouvelle génération d’archivistes qui ne manqueront pas de mettre en pratique ses enseignements pour ainsi perpétuer sa mémoire. De sa formation scolaire à son travail d’enseignant-chercheur à l’École de bibliothéconomie et des sciences de l’information à l’Université de Montréal, en passant par une longue carrière de gestionnaire d’archives, Jacques Grimard a accompli un parcours pédagogique et professionnel varié, mais avec toujours en filigrane l’histoire et l’archivistique, cette dernière discipline finissant très tôt par s’imposer sur la première. Dès lors, les archives sont devenues la trame de sa vie professionnelle et son engouement pour cet objet d’information et de mémoire l’amènera aux quatre coins du Québec et du Canada et dans plusieurs pays du monde. Jacques Grimard a toujours été à la recherche de meilleures façons de faire, de nouvelles approches, de découvertes et d’innovations qui allaient lui permettre de participer activement et avec aplomb à l’avancement de la discipline. C’était un indomptable curieux pour qui la remise en question était un mode de vie. C’est ce qui explique son engouement pour la recherche, la publication, l’échange avec des collègues, la soif de participer à toute activité pouvant aboutir à l’évolution des choses J L’archiviste – Mélanges en hommage à Jacques Grimard 6 et des personnes. À chaque étape de sa carrière, il a su puiser des enseignements qui lui ont servi par la suite. Jamais il ne s’est complu dans la certitude, jamais il n’a eu peur de l’inconnu ni du changement. Dès que les personnes et les structures semblaient se fixer autour de lui, il repartait vers des ailleurs plus prometteurs. Ce parcours si riche et si diversifié a fait de lui l’homme qu’il était: un archiviste épris de son métier et engagé, un gestionnaire avide d’efficacité et un professeur-chercheur passionné par la transmission des­ connaissances et la découverte. 1967-1979: LA PÉRIODE DES APPRENTISSAGES Jusqu’à la fin des années 1970, le préalable pour devenir archiviste ou gestionnaire de documents était le plus souvent un baccalauréat en histoire. À peu près tous les archivistes qui ont commencé leur carrière dans ces années-là sont issus de cette filière. Les archives étant perçues comme une «science auxiliaire» de l’histoire et l’archivistique n’étant pas encore une discipline inscrite dans les programmes d’étude et de formation, du moins au Québec, il était tout naturel d’engager des historiens pour travailler à la conservation et au traitement des matériaux utiles à l’histoire. L’engagement de «gestionnaires de documents» dans les ministères et organismes gouvernementaux à la fin des années 1970 suivait un peu le même raisonnement. Enterrés par une masse sans cesse croissante de documents, les ministères et organismes voulaient d’abord«faire le ménage» en détruisant les documents inutiles qui encombraient leurs bureaux. Dans ce contexte, qui mieux que des historiens pouvaient séparer l’ivraie du bon grain, choisir les documents importants pour l’histoire du Québec et éliminer les autres, soit la majorité. Par la suite, les historiens qui persévéraient, ceux qui avaient la vocation, devenaient archivistes sur le tas («cent fois sur le métier…»), avec au fil des années quelques cours de perfectionnement au gré du développement de l’archivistique québécoise. L’historien Jacques Grimard a suivi cette voie après avoir tâté l’enseignement, la recherche historique et...

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