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19 Les Port Books anglais, sources d’histoire commerciale* Jacques Grimard * Article tiré de ses recehrches docto­ rales sur l’état du commerce anglorochelais aux xvie et xviie siècles. RÉSUMÉ L’auteur présente un type particulier d’archives, les cahiers portuaires, leur contenu et l’utilisation historique qui peut en être faite pour écrire l’histoire du commerce. Il s’agit du matériau dont il s’est servi dans le cadre de sa recherche doctorale sur l’état du commerce anglo-rochelais à la fin du xvie et au début du xviie siècle. L’auteur rend compte aussi des difficultés rencontrées dans la recherche de ces archives tant en France qu’en Angleterre en rappelant les particularités des régimes sous lesquels elles ont été produites. TEXTE ORIGINAL TIRÉ DE Grimard, J. (1983). «Les Port Books anglais, sources d’histoire commerciale», Canadian Journal of History/Annales canadiennes d’histoire, vol. 18, no 3, p. 349-378. Texte reproduit avec l’aimable autorisation des Annales canadiennes d’histoire. [18.116.85.72] Project MUSE (2024-04-25 18:07 GMT) histoire du commerce européen au début des temps modernes reste, à maints égards, encore mal connue. Les thèses, ouvrages ou articles parus jusqu’ici sur la question, ne révèlent que des aspects sectoriels de la réalité et ne permettent pas encore de tracer avec assurance les lignes du tableau d’ensemble. D’autant plus que ces travaux, ­ forcément parcellaires, ne sont pas nécessairement complémentaires, certains mettant l’accent sur les pratiques commerciales, d’autres sur l’évolution du trafic et d’autres enfin, plus orientés vers le social, sur les marchands eux-mêmes. Il faut cependant convenir que les archives dont dispose ici le chercheur constituent souvent un handicap. Ainsi, le seiziémiste n’a pas en mains, contrairement à ses collègues préoccupés par l’histoire économique de notre temps, une documentation statistique au sens actuel du terme. Il peut difficilement compter sur les types d’enquêtes et de projections auxquels nous ont habitués les bureaucraties gouvernementales du dernier siècle. En outre, les rapports financiers et les pièces comptables des individus ou des entreprises impliqués dans le commerce international aux xvie et xviie siècles sont rarement parvenus jusqu’à nous. Ce qui en reste est souvent fragmentaire et laisse de nombreuses questions sans réponses1. Le chercheur est donc souvent réduit à reconstruire une 1. Certaines collections de documents de marchands particulièrement bien conservés ont toutefois permis de brillantes études. Qu’on songe, par exemple, pour la France, aux travaux d’Henri Lapeyre sur les Ruiz: (1955). Une famille de marchands: les Ruiz, Paris; à ceux de Gilles Caster qui, grâce entre autres aux papiers du négociant Étienne de Ferrières, a pu dresser le bilan du commerce du pastel et de l’épicerie à Toulouse, entre 1450 et 1560: (1962). Le commerce du pastel et de l’épicerie à Toulouse, 1450 environ à 1561, Toulouse. Du côté anglais, les recherches L’ L’archiviste – Mélanges en hommage à Jacques Grimard 330 histoire commerciale à partir de sources élaborées dans une tout autre optique. Il lui faut, pour retrouver des contingents de données suffisamment éloquentes, faire appel aux méthodes de l’histoire sérielle et se livrer au long dépouillement de documents fiscaux, juridiques, voire politiques. Nous avons particulièrement ressenti ces difficultés de saisie et d’aménagement de l’information lors de notre enquête sur l’état du commerce anglo-rochelais à la fin du xvie et au début du xviie siècle, soit depuis les premiers moments des guerres civiles et religieuses en France jusqu’au célèbre siège de La Rochelle en 16282. Notre objectif consistait alors à mettre en lumière la nature, l’évolution et les orientations de ce trafic particulier; nous entendions également porter notre attention sur les artisans de ce commerce, doublement intéressant dans notre esprit du fait qu’à l’époque Anglais et Rochelais participaient d’un même idéal de réforme religieuse. En cours de travail nous avons recherché et dépouillé des sources d’archives de provenances diverses et susceptibles de bien faire voir les composantes, l’évolution et les artisans de ce commerce. Au départ, nous nous sommes d’abord tourné vers La Rochelle comptant faire bonne récolte de renseignements dans les comptes fiscaux...

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