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Édifice฀Le฀Delta฀I,฀2875,฀boul.฀Laurier,฀bureau฀450,฀Québec,฀Québec฀G1V฀2M2฀•฀Tél.฀:฀(418)฀657-4399฀–฀www.puq.ca Tiré฀de฀:฀ ฀éd.,฀Benoît฀Gauthier฀(dir.),฀ISBN฀978-2-7605-1600-7฀•฀D1600N Tous฀droits฀de฀reproduction,฀de฀traduction฀et฀d’adaptation฀réservés CHAPITRE 20 une science objective? Koula MELLOS Je ne vois que ce que je crois! Philosophe de Mai 68 La philosophie empirico-analytique de la science est à la base de la conception du savoir scientifique qui prévaut dans le monde anglo-américain. Mais, à l’ère de la mondialisation, cette conception devient dominante à l’échelle même du monde; cette conception est aussi largement acceptée en Europe de l’Ouest. La philosophie de base n’est pas une nouveauté dans l’histoire de la pensée occidentale, mais on peut situer son développement le plus significatif à l’époque de la révolution industrielle, qu’elle a, du reste, marquée. Au cours des quatre derniers siècles, et particulièrement depuis le début du xxe siècle, l’approche empirico-analytique a subi plusieurs modifications importantes à divers niveaux de son épistémologie, modifications qui ont engendré un grand nombre d’écoles de pensée distinctes, telles que le positivisme logique et le rationalisme critique, à tel point que le terme de «philosophie empirico-analytique» peut créer de la confusion parce qu’il fait référence à des factions intellectuelles disparates. Les chapitres de ce livre présentent diverses méthodologies, aujourd ’hui utilisées dans la recherche d’explications valables de la réalité. Quoiqu’une certaine hétérogénéité théorique et pratique puisse y être observée, ces méthodologies peuvent être regroupées selon leur compatibilité 572 Koula mellos Édifice฀Le฀Delta฀I,฀2875,฀boul.฀Laurier,฀bureau฀450,฀Québec,฀Québec฀G1V฀2M2฀•฀Tél.฀:฀(418)฀657-4399฀–฀www.puq.ca Tiré฀de฀:฀ ฀éd.,฀Benoît฀Gauthier฀(dir.),฀ISBN฀978-2-7605-1600-7฀•฀D1600N Tous฀droits฀de฀reproduction,฀de฀traduction฀et฀d’adaptation฀réservés épistémologique prenant racine dans des prémisses communes issues de la même approche empirico-analytique. Cette compatibilité provient de plusieurs postulats concernant la nature de la science et, en particulier , d’une proposition que nous aimerions faire ressortir à cause de ses profondes implications dans la théorie et dans la pratique: il s’agit de la neutralité de la science. Selon cette proposition, la science a pour objectif la connaissance du monde tel qu’il est, et non tel qu’il devrait être; les valeurs n’auraient donc pas de place dans le processus scientifique puisqu’elles ne peuvent produire qu’une vision contrefaite de l’état du monde. La thèse de la neutralité de la science est donc basée sur la prémisse selon laquelle il n’y a pas de continuité entre faits et valeurs, que les faits concernent le monde tel qu’il est et les valeurs, le monde tel qu’il devrait être. Cette dichotomie faits/valeurs remonte à David Hume qui soutenait qu’un fait ne peut pas être dérivé logiquement d’une valeur, ni une valeur d’un fait; donc, si la science cherche à découvrir et à expliquer l’état et les processus du monde réel, c’est-à-dire les faits, elle doit éviter de lier faits et valeurs dans la logique de l’enquête. Les valeurs, puisqu’elles existent sous forme de préférences et de désirs chez les individus, peuvent aussi devenir des faits, par leur seule existence et évidemment à cause de leur place centrale dans l’orientation du comportement. Cela ne viole pas la prémisse de la discontinuité logique: en effet, une valeur n’est pas une valeur par son existence factuelle, pas plus qu’un fait n’est un fait parce qu’on lui accorde une valeur. Le principal objectif de ce chapitre est d’analyser la thèse de la neutralité de la science pour préciser 1) si, oui ou non, on peut soutenir logiquement que la science peut exister indépendamment des valeurs, 2) les implications sociales d’une pratique scientifique supposée neutre, au moins au regard de sa logique, mais aussi, par voie de conséquence, au regard du type de résultats qu’elle produit. 1 la logiQue de la neutralité de la science Le terme générique «science» est très significatif dans ce qui s’appelle...

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