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Édifice฀Le฀Delta฀I,฀2875,฀boul.฀Laurier,฀bureau฀450,฀Québec,฀Québec฀G1V฀2M2฀•฀Tél.฀:฀(418)฀657-4399฀–฀www.puq.ca Tiré฀de฀:฀ ฀éd.,฀Benoît฀Gauthier฀(dir.),฀ISBN฀978-2-7605-1600-7฀•฀D1600N Tous฀droits฀de฀reproduction,฀de฀traduction฀et฀d’adaptation฀réservés CHAPITRE 10 l’ÉchAntillonnAge Jean-Pierre BEAUD Combien faut-il goûter de nouilles pour savoir si le plat est réussi? L’échantillonnage n’est pas seulement le fait des sondeurs et chercheurs universitaires ou professionnels. Comme bien d’autres outils utilisés en sciences sociales, les techniques d’échantillonnage s’appuient sur des principes que nous mettons en œuvre, de façon presque spontanée, dans la vie de tous les jours. Pour des raisons d’ordre pédagogique, il semble bon de partir de cette pratique presque instinctive, de l’évaluation de sa richesse et bien sûr de ses limites, pour dégager des règles rigoureuses concernant le choix et la constitution des échantillons. Il convient toutefois, dès le départ, de mettre en garde contre une vision «techniciste» des méthodes et techniques de recherche et, donc, des procédures d’échantillonnage. Il ne suffit pas, en effet, de savoir comment on construit un échantillon pour être quitte des problèmes reliés à l’échantillonnage. Le choix de la technique de sélection de l’échantillon, en particulier, ne saurait être dissocié du questionnement qui est à l’origine de la recherche, de la population étudiée et des diverses contraintes (p. ex., financières, humaines) avec lesquelles le chercheur doit composer: il doit donc être le résultat d’une réflexion qui fait largement appel à des connaissances non techniques, à la formation générale du chercheur. 252 Jean-Pierre Beaud Édifice฀Le฀Delta฀I,฀2875,฀boul.฀Laurier,฀bureau฀450,฀Québec,฀Québec฀G1V฀2M2฀•฀Tél.฀:฀(418)฀657-4399฀–฀www.puq.ca Tiré฀de฀:฀ ฀éd.,฀Benoît฀Gauthier฀(dir.),฀ISBN฀978-2-7605-1600-7฀•฀D1600N Tous฀droits฀de฀reproduction,฀de฀traduction฀et฀d’adaptation฀réservés Ainsi, des procédures non probabilistes, que bon nombre d’auteurs de manuels de méthodes jugent peu dignes d’intérêt, peuvent être plus adaptées, dans certains cas, aux conditions de la recherche que des techniques probabilistes, considérées généralement comme plus fiables: un bon chercheur saura reconnaître ces cas et, malgré les injonctions de certains méthodologues, faire le choix qui s’impose. Il est clair que, dans le domaine de l’échantillonnage en particulier, la quête de la perfection méthodologique constitue souvent plus un frein à la recherche qu’un véritable moteur, et qu’il vaut mieux faire de la recherche avec un outil imparfait que de ne pas faire de recherche du tout, faute d’avoir trouvé l’outil parfait. Encore faut-il, et le texte qui suit vise à introduire à une telle attitude, prendre conscience des limites imposées par les différentes techniques, et ce, afin de pouvoir en tenir compte au moment de l’analyse des données. On peut parfois même tirer profit des «impuretés» d’un échantillon. C’est ce que font, par exemple, Daniel Gaxie et Patrick Lehingue dans leur étude sur la constitution des enjeux politiques dans une élection municipale en France1. Après avoir recensé les différents biais introduits par un échantillon spontané (constitué de lecteurs d’un quotidien régional français), évalué les écarts relativement à certaines variables entre l’échantillon obtenu et la population de référence, les auteurs prennent justement comme objet d’étude, au moins dans un premier temps, ces mêmes distorsions. Ils s’interrogent ainsi sur la sous-représentation dans leur échantillon des femmes, des classes populaires, des non-diplômés, des ruraux, et posent que «ce qu’apporte […] un échantillon spontané, c’est la possibilité de repérer les intérêts qui ont porté tel groupe d’agents (et pas, au moins, tel autre) à répondre, intérêts à mettre en relation avec le type de questions posées, la forme de celles-ci, le support utilisé, l’institution productrice de l’enquête2…». Aussi, «à la condition qu’elles soient connues et reconnues, “les impuretés” de l’échantillon collecté n’oblitèrent pas d’emblée l’analyse, mais au contraire l’enrichissent3 ». Loin de nous l’idée d’insinuer que l’outil choisi importe finalement peu et que...

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