In lieu of an abstract, here is a brief excerpt of the content:

Édifice฀Le฀Delta฀I,฀2875,฀boul.฀Laurier,฀bureau฀450,฀Québec,฀Québec฀G1V฀2M2฀•฀Tél.฀:฀(418)฀657-4399฀–฀www.puq.ca Tiré฀de฀:฀ ฀éd.,฀Benoît฀Gauthier฀(dir.),฀ISBN฀978-2-7605-1600-7฀•฀D1600N Tous฀droits฀de฀reproduction,฀de฀traduction฀et฀d’adaptation฀réservés CHAPITRE 6 lA modÉlisAtion1 Jean ROBILLARD La science est travail humain. Gilles-Gaston granger Pour débuter, un raccourci historique: le concept de modèle est apparu assez tardivement dans l’arsenal des sciences. Tel que nous le comprenons actuellement, bien que parfois indistinctement utilisé en compagnie d’autres concepts théoriques ou méthodologiques, il apparaît en effet à une époque cruciale de l’histoire des sciences, soit au moment où les scientifiques doivent départager les postulats méthodologiques anciens de ceux qui commencent alors à faire consensus. Cette période faste s’étend grosso modo du début du xixe siècle au début du xxe . Durant cette période, toutefois, on ne connaît pas de concept de modèle scientifique. Par exemple, Henri Poincaré, dans La science et l’hypoth èse2 , ouvrage paru la première fois en 1902, traitait de la constitution des hypothèses scientifiques, physiques et mathématiques, presque dans les mêmes termes que ceux que nous utilisons pour parler des principes de la construction de modèles. Sans jamais, à moins d’erreur de notre 1. Dans ce qui suit, le masculin est utilisé de manière épicène dans le seul but d’alléger le texte. Certaines parties sont reprises de nos publications antérieures et, le cas échéant, la source sera mentionnée. 2. Henri pOinCaré, La science et l’hypothèse, Paris, Flammarion (coll. «Champs»), 1968 (1902). 136 Jean roBillard Édifice฀Le฀Delta฀I,฀2875,฀boul.฀Laurier,฀bureau฀450,฀Québec,฀Québec฀G1V฀2M2฀•฀Tél.฀:฀(418)฀657-4399฀–฀www.puq.ca Tiré฀de฀:฀ ฀éd.,฀Benoît฀Gauthier฀(dir.),฀ISBN฀978-2-7605-1600-7฀•฀D1600N Tous฀droits฀de฀reproduction,฀de฀traduction฀et฀d’adaptation฀réservés part, utiliser ce mot. C’est le concept d’hypothèse qui retient son attention. Or, l’hypothèse est pour lui un moyen d’appréhender le réel et de vérifier l’adéquation des théories aux faits; ou alors d’en modifier les contenus si l’hypothèse s’avérait contredite. Tout y était affaire de raisonnement juste, de déduction régulée à partir de prémisses bien souvent indémontrables elles-mêmes, comme en géométrie, euclidienne ou non. L’hypothèse doit amener le scientifique à bien réfléchir sur les phénomènes en en fournissant une représentation formelle adéquate. Ce sera précisément le rôle attribué au modèle scientifique. Des remarques similaires peuvent être appliquées au concept d’analogie de Durkheim3 , lequel est inscrit dans un processus heuristique de découverte scientifique. Deux mots, mais une même fonction. Il y a depuis cette époque au moins deux acceptions du mot«modèle». 1. En visant un objectif d’explication ou de description4 , un modèle scientifique organise sous forme schématique les idées que nous nous en faisons. C’est ce qu’avaient en tête Poincaré ou Durkheim lorsque le premier attribuait à une hypothèse valable et le second à une analogie le caractère d’une formulation heuristique ; une explication est recherchée, et l’on travaille à établir les relations causales qui déterminent l’état de la chose analysée ou du processus amenant à cet état, but ultime d’une théorie. 2. S’opposent à cette première acception d’autres définitions qui tentent de déterminer le caractère parfois analogique des modèles, par exemple la structure atomique modélisée matériellement grâce à des bâtonnets et à des boules de différentes couleurs; ou parfois encore le caractère représentatif, comme c’est le cas du modèle imaginaire5 , dont la principale caractéristique est de décrire un quelconque état du monde sans pour autant affirmer quoi que ce soit quant à la qualité de la relation qu’il entretient avec l’état qu’il sert à décrire. Mais cela ne répond pas à une question pressante: qu’est-ce qu’un modèle? N’est-ce que le résultat d’une activité cognitive de modélisation? Pourquoi modélise-t-on? 3. Émile durkheim, Les r...

Share