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C h ap i t r e GESTIONNAIRE PUBLIC VERSUS DÉCIDEUR POLITIQUE Vers un nouveau pacte politico-administratif Paul-André Comeau Professeur invité École nationale d’administration publique Université du Québec Résumé Comment le gestionnaire public peut-il survivre à la ronde de réformes qui bouleversent le secteur public depuis près de vingt-cinq ans? Telle est la question sous-jacente au regard que nous portons sur des innovations organisationnelles introduites dans l’administration publique de façon plus parcellaire. Interprétées sous l’angle des défis imposés au gestionnaire public, la création d’institutions nouvelles et la reconnaissance de nouveaux droits conférés au citoyen interpellent de manière profonde le métier et les capacités d’adaptation des gestionnaires publics. En effet, les exigences qui découlent de l’introduction de la démarche éthique, de la recherche de la transparence et du sens de l’équité auront des impacts certains sur le système de valeurs à la base même de la définition des rôles et fonctions des agents publics. Au-delà de l’amélioration de la gestion en tant que telle, ces innovations organisationnelles introduisent une relation inédite avec le citoyen qui n’est plus envisagé comme l’objet et le bénéficiaire de l’administration publique. Comment gérer cette relation avec un citoyen considéré comme acteur actuel ou virtuel dans le système 160 Le métier de gestionnaire public politique ? Comment intégrer les nouvelles valeurs, à la base desdites innovations organisationnelles, dans les mandats, tâches et responsabilit és qui définissent le métier du gestionnaire public ? Questions ambitieuses , mais importantes : c’est l’objet de ce texte. À propo s de l ’auteur Paul-André Comeau peut revendiquer une carrière en trois volets. Il s’est fait connaître comme journaliste, d’abord comme correspondant à l’étranger (Bruxelles et Londres) de Radio-Canada, puis comme rédacteur en chef du quotidien québécois Le Devoir. Il a également assumé, durant deux mandats, la présidence de la Commission d’accès à l’information du Québec. Il a retrouvé le monde de l’enseignement et de la recherche en devenant, en 2000, professeur invité à l’École nationale d’administration publique, de l’Université du Québec. Il y dirige le Laboratoire d’étude sur les politiques publiques et la mondialisation et préside le Groupe d’étude, de recherche et de formation à l’international (GERFI). Courriel : Paul-andre.comeau@enap.ca [3.21.248.47] Project MUSE (2024-04-19 08:42 GMT) Gestionnaire public versus décideur politique 161 INTRODUCTION De réformes en changements, d’adaptation en transition, l’administration publique a été entraînée, ces trente dernières années, dans un tourbillon étourdissant. Le mouvement a pris naissance en Occident, dès le début des années 1970, et s’est déployé aux quatre coins de la planète. Le Canada et le Québec s’y sont sérieusement engagés. Bourgault et Armit (1998) avaient déjà relevé, en 1996, plus de 30 tentatives de réforme au sein de l’appareil administratif du Canada, en moins de vingt-cinq ans. Depuis que l’expression new public management s’est inscrite dans le vocabulaire de l’administration publique, les réformes ont entraîné la mise en place, au fil des ans, de mesures ou d’innovations organisationnelles relativement nombreuses. Ces dernières visent presque toutes à provoquer une utilisation optimale des ressources mises à la disposition du gestionnaire public. Dans certains cas, il s’agit tout au plus d’un resserrement des pratiques budgétaires et protocolaires qui tissent le rythme quotidien de l’administration publique. Faire plus avec moins : tel est l’un des slogans repris d’un État à l’autre. D’autres réformes ont été plus vigoureuses . Elles ont souvent voulu transposer des pratiques managériales et organisationnelles qui ont cours dans le secteur privé. Enfin, la modification radicale du « cadre de gestion », telle que tentée, entre autres, au Québec, a marqué un tournant important dans la gestion des affaires publiques. Bien que ces réformes visent l’ensemble de l’appareil administratif , elles relèvent d’une démarche « macro », elles remettent en question , en particulier, le rôle du gestionnaire public à l’égard de l’ensemble de l’appareil public (Mazouz et Maltais, 2004). En marge de la vague...

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