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Introduction générale«L’étalonnage et la décision psychométrique », le titre et la substance de ce livre, n’ont guère reçu l’attention qui leur est due depuis l’origine de la psychométrie jusqu’à nos jours : ces deux grands concepts pragmatiques ont historiquement été pris pour acquis. Pour l’étalonnage d’une part, les psychométriciens et adeptes du testing ont œuvré dans l’hypoth èse confortable de la distribution normale. Cette distribution normale, découverte et inventée par les mathématiciens Moivre (1667-1754), Laplace (1749-1827) et Gauss (17771855 ), fut importée en biométrie et pour la description des populations humaines par Quételet (1796-1874), Galton (1822-1911) et K. Pearson (1857-1936), entre autres. Même si d’illustres prédécesseurs, notamment Binet et Simon, procédaient déjà à un étalonnage de leur test d’âge mental, c’est Wechsler (1896-1981) qui introduisit le modèle normal comme référence distributionnelle pour la mesure de l’intelligence, le QI, imposant ainsi un standard dont peu oseront s’écarter par la suite. Dans la tradition pearsonnienne de la statistique, qui privilégie les approches descriptives et ladite « méthode des moments », l’imposition d’un modèle, le modèle normal par exemple, et son application à une distribution empirique suffisent à peu près à en garantir l’interprétation, sans souci particulier de l’incertitude inhérente ni des erreurs d’ajustement possibles dans les portions extrêmes de la distribution. Cette assurance, ce sentiment de sécurité a imprégné et continue de baigner le monde de la psychométrie et des normes psychométriques, et ce, pour les situations ayant recours à la distribution normale comme pour les autres contextes. Pour la décision psychométrique, d’autre part, tout se passe comme si, une fois les « normes du test » publiées, le praticien du testing avait en mains tout ce qu’il faut pour non seulement évaluer son client mais aussi prendre une décision à caractère psychométrique à son endroit. Or, pour autant que nous sachions, la documentation traitant de la décision psychométrique, de ses risques statistiques et de ses procédures n’existe tout simplement pas. En l’absence de documentation appropriée, voiredeconnaissances pertinentes et deformation, lepraticien, livréàlui-même, se voit placé dans le dilemme suivant : ou bien il fait naïvement confiance aux informations normatives disponibles, les interprète au pied de la lettre et donne la décision qui en découle, ou bien il sait ou il pressent que les normes sont approximatives, que certaines erreurs-types s’appliquent, qu’une réévaluation pourrait apporter des changements, et il s’engage alors dans une démarche floue, prudente, qualitative, et propose une décision hésitante, difficile sinon impossible à défendre en cas de litige. 2 L’étalonnage et la décision psychométrique Pourquoi ce livre ? Ce livre a pour ambition, non pas de combler les lacunes accusées ci-dessus, mais de fournir des pistes grâce auxquelles les approches naïves et souvent peu professionnelles qui ont eu cours jusqu’à présent peuvent évoluer vers des méthodes mathématiquement réfléchies, des méthodes qui prennent en compte l’opération même de la décision psychométrique (« À quel niveau de rendement, à quel niveau d’aptitude est situé mon client ? », « Le candidat possède-t-il les habiletésrequisespoursatisfairel’espérancederendement formulée par l’employeur ? », « L’indice métabolique/sanguin/physiologique du patient a-t-il atteint un niveau critique ? », etc.), en même temps que les risques d’erreur qui sont associés à cette décision. Il existe déjà, nous en sommes conscient, des volumes, plaquettes et chapitres de livre, par des auteurs en psychologie clinique, en éducation, en médecine, en sciences de la gestion, dans lesquels lepraticien peut trouverconseils, vérificationssuggéréesetrecommandations diverses, dans le langage de sa pratique. Sans décrier l’intérêt ou la valeur de ces ouvrages, nous croyons qu’ils ne sont pas équivalents à un traitement structuré et mathématiquement explicite de la décision psychométrique et de ses enjeux, tout en reconnaissant qu’ils en seraient un heureux complément au bénéfice des praticiens. Les idées principales mises en œuvre Même dans l’approche classique, et rassurante, de la psychométrie, telle que nous l’avons brossée ci-dessus, les...

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