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C H A P I T R E SEPT 7 La recherche création en architecture Une randonnée sur les méthodes et les pratiques de conception en architecture G i o v a n n i D e P a o l i 7.1. L’ARCHITECTE ET LA DUALITÉ ENTRE POÏÉTIQUE ET TECHNIQUE La dualité entre poïétique et technique en architecture rappelle les réflexions présentées par Edgar Morin, lorsqu’il nous parle de pensée simple et pensée complexe: «La pensée simple résout les problèmes simples sans problème de pensée. La pensée complexe ne résout pas d’elle-même les 228 Traiter de recherche création en art problèmes mais elle constitue une aide à la stratégie qui peut les résoudre. Elle nous dit: Aide-toi, la pensée complexe t’aidera» (1994, p. 111). Le but de ce texte est donc de présenter quelques idées qui pourront nous aider à réfléchir, en tant que «praticiens de la conception», sur les moyens que nous avons pour assumer une posture de chercheurs dans le domaine de l’architecture. Pour mieux comprendre les méthodes et les pratiques de l’architecture il est important de mettre en évidence les causes qui ont souvent amené à «voir» l’architecture par sa technique d’exécution. Pour cela, il faut s’interroger sur l’évolution du rôle de l’architecte depuis trois mille ans d’histoire de la culture occidentale, et sur le dessin comme outil de travail, sur ce dessein qui a amené l’architecte au dessin et aux choix«réducteurs» du parti architectural et des normes de conduite. La simple signification de prendre un parti veut dire éliminer certains choix, simpli fier le projet et réduire cette complexité du bâtiment qui en fait sa qualité, où le dessin est l’outil de communication: un système géométrique , souvent géométral et constructif qui permet la réalisation du bâtiment , sans en être l’outil de création (Hensel, 2006; Talbott, 2004). Il n’y a pas de recherche sur la conception en architecture qui ne se pose pas, à un certain moment, la question sur les rôles des acteurs du projet de construction et tout particulièrement sur l’évolution des rôles de l’architecte par rapport à celui de l’ingénieur. P. Poitié nous rappelle que «tout se passe comme si les architectes depuis la Renaissance avaient le plus grand mal à exprimer la “vérité technique” et se condamnaient aux appareillages feints, à la dissimulation des structures» (1987, p. 7). Mais pourquoi ingénieurs et architectes ont-ils souvent fait partie d’un débat d’antagonistes? Sous quelle vision l’art de bâtir de Vitruve comprenait-il les sciences de la construction pour exprimer l’équilibre solidité-utilité-beauté? P. Caye, dans un article sur l’architecture et la question de la technique , nous rappelle que le nom Architectura est le vieux nom romain pour définir la technique: «Une science composée de nombreuses disciplines scientifiques et de savoirs techniques de tous ordres, par le jugement de laquelle toutes œuvres réalisées par les autres arts se trouvent démontr ées et certifiées conformes» (Caye, 1996). Et il poursuit en disant que«Vitruve fait de l’architecture non seulement le savoir par excellence de la fabrique1 , mais mieux encore la raison critique de tous les autres arts commis sur le chantier» (1996, p. 51). Cela signifie que l’Architecture de 1. F. Milizia (1827) définit l’architecture comme l’art de «fabriquer» en général; dans Principii di Architettura civile in O.C., Bologne, p. 17. [18.117.216.229] Project MUSE (2024-04-26 10:41 GMT) La recherche création en architecture: méthodes et pratiques de conception 229 Vitruve donne à la poïétique le sens de faire et de fabriquer par la supervision de toutes les disciplines jugées nécessaires pour réaliser une œuvre solide, utile et belle. Au fil du temps, nous avons assisté à une dualité où l’architecte est parfois superflu, pendant que l’ingénieur est souvent nécessaire. Nous laissons à l’architecte les goûts, les couleurs, pendant que la structure, les matériaux et l’ingénierie déplacent le débat scientifique sur la construction (Queysanne, 1987). Les efforts d...

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