In lieu of an abstract, here is a brief excerpt of the content:

C H A P I T R E 7 UNE VIE AU SERVICE DES PLUS DÉMUNIS Marguerite Bourgeois Groupes de défense des droits POPIR 1. UNE GASPÉSIENNE DÉVOUÉE Je suis de descendance acadienne par mes parents, mais je suis née en Gaspésie. J’ai fait du bénévolat pendant 28 ans et j’ai habité à Montréal pendant plus de 45 ans. J’ai ainsi cumulé davantage d’années de bénévolat que d’années de travail durant ma vie. Cela indique bien que j’ai toujours travaillé et milité en même temps. C’est longtemps après mon arrivée à Montréal que j’ai entendu le mot bénévolat pour la première fois. Chez nous en Gaspésie, nous ne parlions pas de bénévolat, il s’agissait simplement de rendre service à nos parents et à leurs amis. 2. QUAND LA VIE FAMILIALE DEVIENT POLITIQUE À Montréal, ma première implication comme militante engagée dans la défense des droits s’est produite à l’école d’un de mes fils. Il était dans une classe d’enfants « inadaptés » puisqu’il présentait des problèmes de motricité et d’adaptation socio-affective. Étant donné sa situation, il n’avait pas droit aux assurances scolaires contre les accidents au même titre que les autres élèves. Cette injustice m’a poussée à faire des démarches auprès 138 PAS DE RETRAITE POUR L’ENGAGEMENT CITOYEN des mères des enfants de la classe de mon fils. Ensemble, nous nous sommes rendues au ministère de l’Éducation à Québec. Au bout d’un an, nous avons finalement eu gain de cause, mais je peux vous dire que j’ai gueulé. 3. DÉFENDRE SES DROITS ET CEUX DES SANS-DÉFENSES Durant cette même période (début des années 1970), j’étais mère monoparentale de cinq enfants dont le plus âgé avait 8 ans. À ces responsabilités s’ajoutait ma santé fragile, ce qui a fait en sorte que je vivais de l’aide sociale. Malgré cette situation qui me gênait, j’ai finalement eu le courage d’entrer à l’Association de défense des droits sociaux (ADDS) de Mercier. C’est alors que j’ai commencé à lutter contre la taxe d’eau. Cette taxe équivalait à un treizième mois de loyer, que ni moi ni les personnes dans ma situation n’avions les moyens de nous offrir. Nous avons brûlé beaucoup de comptes et de soumissions puis nous avons gagné. Cette expérience a été le coup d’envoi de mon long parcours dans la défense des droits. En effet, de 1974 à 2000, j’ai milité pour les personnes âgées, pour les femmes, pour les assistés sociaux et les chômeurs. J’ai même mis sur pied un programme pour les mères des détenus qui jusque-là étaient trop pauvres pour visiter leur enfant en prison. En plus de la mise sur pied d’organismes et de mes nombreuses participations à des manifestations, j’ai eu l’occasion de siéger à quelques reprises à des conseils d’administration. J’ai vécu cette expérience dans des groupes communautaires, dans des maisons d’hébergement pour personnes âgées ainsi qu’à la Caisse populaire où j’étais curieuse de voir comment se passaient les réunions des décideurs. 4. UNE RECONNAISSANCE INATTENDUE Ces nombreuses luttes et implications ont fait en sorte que je reçoive le prix Helen décerné par l’Université Concordia. Ce prix est offert aux femmes qui se sont impliquées dans leur vie à l’amélioration des conditions de vie de leurs concitoyennes et concitoyens. C’était la première fois qu’on reconnaissait le travail d’une personne issue du milieu communautaire . C’était également une première de voir une Québécoise francophone remporter ce prix. J’ai eu le grand honneur de recevoir cette distinction le 8 mars 2000 à l’occasion de la Journée internationale de la femme. [52.14.221.113] Project MUSE (2024-04-16 13:04 GMT) UNE VIE AU SERVICE DES PLUS DÉMUNIS 139 5. LA FAMILLE AVANT TOUTE CHOSE J’ai quitté Montréal en 2000 pour aller prendre soin de ma mère en Gaspésie ; maman a plus de 90 ans et elle était toute seule dans son beau village. J...

Share