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Inscrire la recherche scientifique dans le laboratoire de la vie: deux exemples. Le Consortium de recherche sur la forêt boréale et la Chaire en écoconseil
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INSCRIRE LA RECHERCHE SCIENTIFIQUE DANS LE LABORATOIRE DE LA VIE: DEUX EXEMPLES Le Consortium de recherche sur la forêt boréale et la Chaire en écoconseil Nicole HUYBENS Département des sciences fondamentales Université du Québec à Chicoutimi RÉSUMÉ Afin de rapprocher les savoirs théoriques et les questions des praticiens et ainsi mettre à la disposition des uns et des autres à la fois des questions de recherche pertinentes pour une pratique et des théories enracinées dans un agir professionnel , le Consortium de recherche sur la forêt boréale et la Chaire en écoconseil de l’Université du Québec à Chicoutimi travaillent en réseau et dans le cadre de recherches participatives. L’article montre que la recherche participative est pertinente tant pour les sciences de la nature que pour les sciences sociales. Dans le cadre de recherches multidisciplinaires, un ancrage sur le terrain est indispensable puisque les chercheurs de différentes disciplines collaborent autour de problèmes concrets. Les recherches participatives ont le grand avantage d’être pertinentes par rapport à une pratique, mais elles sont aussi un cadre intéressant pour la diffusion des résultats de la recherche. L’article présente les spécificités des deux centres de recherche et leurs points communs. [3.236.214.123] Project MUSE (2024-03-28 09:46 GMT) 1. Rapprocher savoirs théoriques et questions profanes Nos travaux de recherche et nos tâches d’enseignement amènent constamment des rapprochements entre connaissances scientifiques et questions profanes et aboutissent à des reconstructions de savoirs à partir de pratiques professionnelles. Dans le cadre du Consortium de recherche sur la forêt boréale de l’Université du Québec à Chicoutimi (le Consortium dans la suite du texte), nous travaillons à démystifier la recherche scientifique et à la rendre directement accessible aux praticiens. Dans le cadre de la Chaire en écoconseil («la Chaire» dans la suite du texte), nous tentons d’élaborer des savoirs multidisciplinaires directement enseignables aux professionnels du développement durable que sont les écoconseillers. Pour rapprocher savoirs disciplinaires et questions profanes (Callon et al., 2001), il faut favoriser des fonctionnements institutionnels mêlant recherche et pratique. C’est le mode de fonctionnement choisi par le Consortium et par la Chaire, ce qui fait de ces institutions des organes sophistiqués et pertinents d’aide à la décision pour la recherche, la pratique et l’enseignement. Les recherches menées au Consortium et à la Chaire sont participatives parce qu’elles impliquent les acteurs, mais aussi parce qu’elles imbriquent les disciplines et les méthodes. Bien que les axes de recherches soient différents (principalement la biologie pour le Consortium et un ancrage multidisciplinaire pour la Chaire), les deux organismes ont choisi l’interaction entre acteurs issus de milieux divers pour élaborer leurs questions de recherche ou pour formaliser des pratiques . Les deux organismes mettent aussi un accent important sur la diffusion des savoirs qu’ils formalisent. Le Consortium et la Chaire travaillent en réseau et partagent les chercheurs et les problématiques de recherche lorsque cela est pertinent . C’est le cas par exemple pour la problématique de l’acceptabilité 188 LA RECHERCHE PARTICIPATIVE – MULTIPLES REGARDS sociale des activités anthropiques en forêt qui relève de la pratique de l’écoconseil (gestion de controverses socioenvironnementales), mais qui est financée par le Consortium dans le cadre d’un projet de gestion forestière en cours. C’est le cas également pour les recherches sur le captage du carbone par les forêts hébergées au Consortium mais supervisées par la Chaire. Cet article décrira successivement le fonctionnement de la recherche au sein du Consortium à partir de deux projets: le camp Jean-Charles et la certification forestière. Ensuite viendront les réflexions théoriques qui sous-tendent le travail de formalisation des pratiques des écoconseillers et qui orientent les recherches au sein de la Chaire en écoconseil. Nous tenterons de montrer dans les paragraphes qui suivent que la recherche participative est pertinente autant pour des objets relevant des sciences de la nature que pour ceux relatifs aux sciences sociales et que la multidisciplinarité ne peut se concevoir que si des chercheurs de différentes disciplines collaborent autour de problèmes concrets. 2. Le Consortium de recherche sur la forêt boréale Le Consortium de recherche sur la forêt boréale fut créé en 1991. Sa mission consiste à développer des connaissances scientifiques relatives à la dynamique de la for...