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C H A P I T R E 1 L’ORGANISATION COMMUNAUTAIRE AU QUÉBEC Mise en perspective des principales approches stratégiques d’intervention Denis Bourque Université du Québec en Outaouais denis.bourque@uqo.ca Yvan Comeau Université Laval yvan.comeau@svs.ulaval.ca Louis Favreau Université du Québec en Outaouais louis.favreau@uqo.ca Lucie Fréchette Université du Québec en Outaouais lucie.frechette@uqo.ca Ce texte vise à introduire l’organisation communautaire en mettant en évidence sa relation avec le développement des communautés. Mentionnons d’entrée de jeu que l’organisation communautaire représente une pratique d’intervention qui s’est professionnalis ée et que des milliers de personnes dans les services publics comme dans le secteur associatif en ont fait leur « métier ». Après avoir tracé les principaux fondements historiques et orientations de l’organisation communautaire, le texte présente les quatre principales « approches stratégiques » ou « modèles » de ce type d’intervention : l’intervention sociopolitique (action sociale), l’intervention socioéconomique (développement local), l’intervention socio-institutionnelle (planning social) et l’intervention sociocommunautaire. 4 L’organisation communautaire – fondements, approches et champs de pratique 1.1. DÉVELOPPEMENT SOCIAL ET ORGANISATION COMMUNAUTAIRE AU QUÉBEC : BREF ITINÉRAIRE D’UNE PRATIQUE SOCIALE DEVENUE UNE PROFESSION (1965-2005) Pour l’organisation communautaire, l’expérience fondatrice des comités de citoyens est concomitante à celle d’un nouveau métier du « social », l’organisateur communautaire. L’organisation communautaire fait son entrée en scène dans les années 1960 et devient même, au cours des années 1970, partie intégrante du service public, notamment dans les CLSC (Favreau et Hurtubise, 1993). D’ailleurs, bon nombre de CLSC ont été créés par des citoyens appuyés par des organisateurs communautaires. En outre, le contexte qui prévaut dans les années 1960 et 1970 est celui d’un État-providence en pleine expansion, et de mouvements sociaux fortement mobilisateurs et en grande synergie, en particulier les mouvements communautaire, syndical et national. L’organisation communautaire émerge dans nombre de quartiers populaires des grands centres urbains (Favreau, 1989) tout comme dans les milieux ruraux et semi-urbains (Lévesque, 1979), et elle contribue alors à la structuration d’initiatives collectives dans divers domaines tout en étant influencée par des mouvements sociaux actifs. Les années 1980 prennent une tout autre allure. L’État-providence est d’une part contesté par le néolibéralisme (renouveau du courant conservateur de la droite) qui remet en cause les politiques sociales élaborées au cours des précédentes décennies. En réduisant ses dépenses sociales, les néolibéraux croient que l’État pourra dégager de nouvelles sommes pour de nouveaux projets, réduire les impôts pour stimuler la consommation de la classe moyenne et, ultimement, favoriser la relance économique (Aktouf et al., 2006). Le discours de la droite consiste alors à agiter le spectre de la crise financière (« Il faut dégraisser l’État! » ou encore, «Il faut réduire le déficit! ») et à inculquer qu’il est impossible de répondre adéquatement aux demandes sociales. L’État-providence est d’autre part critiqué à gauche par des associations et des groupes alternatifs qui évoquent la faiblesse de son organisation démocratique et le peu d’écoute manifestée à l’égard des usagers et des salariés qui sont exclus des décisions qui pourtant les concernent . Avec le rapport Rochon (1987), l’idée d’un secteur associatif complémentaire du service public obtient alors ses lettres de créance. C’est le début d’un partenariat, dans les secteurs sociaux, entre l’associatif local et le service public. Par ailleurs, pour nombre de personnes engagées dans l’organisation de communautés, l’associatif peut permettre l’expérimentation de nouvelles manières de rendre plus démocratiques et plus participatifs les services offerts à la population. Mais quand la croissance économique ne porte plus celle du social, comment réorganiser ce dernier? Voilà une question centrale qui ne pourra pas être esquivée tant du côté des mouvements sociaux que des pouvoirs publics avec l’arrivée des années 1990. Finie l’époque où se combinaient une conjoncture économique favorable et le [3.139.90.131] Project MUSE (2024-04-26 12:25 GMT) L’organisation communautaire au Québec – Mise en perspective 5 développement d’un État branch...

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