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C H A P I T R E 9 ORGANISATION COMMUNAUTAIRE, DÉVELOPPEMENT SOCIAL ET LUTTE CONTRE LES INÉGALITÉS À SAGUENAY Pierre-André Tremblay Université du Québec à Chicoutimi pierre-andre_tremblay@uqac.ca Marielle Tremblay Université du Québec à Chicoutimi marielle_tremblay@uqac.ca Les politiques de développement social au Québec ont été mises en œuvre lors de la Révolution tranquille des années 1960. Jusqu’à la fin des années 1970, le développement social s’est déployé par les politiques sociales de l’État et la mise en place des différents programmes sociaux. À compter des années 1980, dans le contexte du néolibéralisme et de la remise en question de l’État-providence qui a marqué tous les pays occidentaux, plusieurs politiques et programmes sociaux sont devenus obsolètes. Un trait majeur de cette évolution est que le rôle du tiers secteur, en général, et des organismes communautaires , en particulier, a fait l’objet d’une reconnaissance progressive de la part de l’État québécois. Cette volonté de reconnaissance est apparue dans les années 1980. Elle a pris une forme plus tangible dans les années 1990, alors que les régies régionales de la santé et des services sociaux sont devenues des pôles importants du soutien financier des organismes communautaires offrant des services à la population. Avec la naissance du Secrétariat à l’action communautaire autonome (SACA) dans les années 2000, l’État québécois reconnaît l’importance du rôle du tiers secteur dans le développement de la société, en tant que lieu de rassemblement, d’expérimentation d’une citoyenneté active et de création de nouveaux liens sociaux. Ainsi, les organismes communautaires ne se 154 L’organisation communautaire – fondements, approches et champs de pratique réduisent pas à leur rôle de dispensateurs de services, mais doivent être reconnus comme des ressources contribuant à l’éducation, à la conscientisation, à la défense de droits de citoyenneté et au mieux-être des communautés. On peut considérer que la contribution essentielle des organismes communautaires tient à la constitution et au maintien – ou, si on préfère, à la production et à la reproduction – de ce domaine de la vie collective qu’on appelle « le social». Ils ne sont pas les seuls à le faire; d’autres organisations y œuvrent aussi : associations volontaires, syndicats, mouvements sociaux1 . Cette contribution particulière du milieu communautaire s’inscrit dans la perspective du développement social. Pour obtenir une définition satisfaisante de cette notion, il faut dépasser la simple vision économiciste du développement et le concevoir d’une façon qui rende visible tout le secteur «invisible » non payé de l’économie et qui inclue l’ensemble des contributions à la richesse collective. Cette conception du développement a l’avantage de prendre en compte la contribution gratuite des femmes au soutien des familles et des communautés, à la reproduction sociale en général. « Outre le fait d’avoir été productrices de vie, les femmes sont devenues des productrices de qualité de vie, de santé, d’éducation, de culture, bref des productrices de socialisation et de citoyennet é, sources de productivité sociale. Si elles sont source de productivité sociale, elles sont aussi source de rentabilité sociale et ultimement de richesse sociale2 . » Cette perspective a pour effet de décentrer le développement de la sphère productive pour en donner une compréhension plus large qui tient compte de l’ensemble des activités de la vie des femmes et des hommes aux plans économique, social, culturel, etc. En ce sens, la finalité du développement ne se situe plus par rapport au seul plan économique , mais plutôt par rapport à l’ensemble des secteurs de la société. Cette approche s’aligne sur la vision du développement social que s’est donnée l’Organisation des Nations Unies lors du Sommet mondial pour le développement social à Copenhague en 1995 : « Le développement social est une démarche visant à améliorer la capacité des gens à vivre en toute sécurité et à leur permettre de participer pleinement à la société. Le développement social est indissociable de son contexte culturel , écologique, économique, politique et spirituel et ne peut être envisagé dans une perspective uniquement sectorielle3.» 1. J.-L. Klein, C. Tardif, M. Tremblay, P.-A. Tremblay (2004). La place du communautaire : Évaluation de la contribution locale des organisations communautaires, Cahiers de l’ARUC...

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