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P A R T I E 3 PRINCIPAUX CHAMPS DE PRATIQUE EN ORGANISATION COMMUNAUTAIRE 138 L’organisation communautaire – fondements, approches et champs de pratique Au fil des décennies, l’organisation communautaire a diversifié ses champs de pratique. On l’associe maintenant à des domaines tels que l’environnement, la condition des femmes dans les milieux populaires, le logement, l’emploi, l’aménagement du territoire, la protection des consommateurs, l’alphabétisation populaire, la défense de droits sociaux, l’insertion socioéconomique des jeunes, l’organisation des retraités ou des minorités culturelles, etc. Dans un tel contexte, la notion de « communauté » longtemps associée aux communautés géographiques défavorisées a-t-elle encore un sens? Historiquement, l’organisation communautaire a développé ses interventions dans des territoires socialement significatifs. C’est ici la principale raison d’être des contributions de Caillouette et Morin et de Tremblay et Tremblay sur l’expérience d’organisation communautaire dans des quartiers de Sherbrooke et de Saguenay. La « communauté » est prise ici au sens de partage d’un même territoire conçu comme un espace d’un« vivre-ensemble », comme un lieu d’appartenance sociale où des réseaux se forment et se croisent. La notion de communauté fait donc ici référence au tissu social et à la qualit é de vie construits collectivement. Cette acception de « communauté géographique » correspond à la notion de « community» très largement utilisée dans les écrits relatifs à l’organisation communautaire des pays anglo-saxons (États-Unis, Angleterre...). Ce type de « communauté » comprend plusieurs volets : une dimension démographique et géographique , c’est-à-dire un territoire délimité physiquement et psychologiquement ; une dimension psychosociale ou socioculturelle, soit le sentiment d’appartenance à un lieu donné et à un espace commun partagé et une dimension institutionnelle, c’est-à-dire un réseau d’organisations qui ont un objectif commun, soit la participation de la population à l’amélioration de sa qualité de vie. La « communauté » peut également avoir une autre signification, soit celle d’un groupe social partageant la même appartenance culturelle ou une identité de groupe. Delfino Campanile traite de la question du point de vue de l’intervenant en lien avec des communautés culturelles et Colette Lavoie, à travers son action auprès des femmes. L’intervention peut aussi cibler des groupes dont l’âge est une des caractéristiques communes dominantes comme chez les jeunes dans le texte de Lucie Fréchette et chez les personnes âgées dans le texte de Roger Fecteau. Dans tous ces champs de pratique, l’organisation communautaire passe par le renforcement des identités, par la création de services ou par le soutien à la revendication, pratiques arrimées aux besoins de ces groupes sociaux spécifiques. La «communauté » peut aussi prendre un troisième sens lorsqu’il s’agit de l’organisation communautaire. Au sein d’une population locale, il existe des groupes sociaux qui partagent une condition socioéconomique commune et un statut social qui correspond à celui des chômeurs, des consommateurs en difficulté financière, de locataires menacés d’expropriation, de jeunes en situation de précarité sur le marché du travail, de résidents d’un milieu menacé par une pollution envahissante… La perspective de l’organisation communautaire est alors la défense d’intérêts communs. Ici, nous faisons [18.116.42.208] Project MUSE (2024-04-24 15:32 GMT) Principaux champs de pratique en organisation communautaire 139 référence au texte de Ana Lucia Maldonado et Matthieu Cook qui traite de l’environnement , à celui de Martine Duperré en santé mentale et à celui d’Yvan Comeau dans le domaine de l’insertion socioéconomique. De ce découpage de la communauté (communauté géographique, communauté d’intérêts et communauté d’identité), il faut surtout retenir trois choses : 1. Une communauté renvoie d’abord à un territoire commun, à des intérêts socio- économiques semblables ou à une identité culturelle partagée. Ces trois types de communautés constituent autant de moteurs d’action collective particuliers et de facteurs suscitant la mobilisation sociale. 2. Ces trois moteurs d’action collective peuvent, à certains moments, s’additionner dans l’optique de la revitalisation des groupes sociaux. Plusieurs expériences démontrent que des communautés locales réussissent à redémarrer en combinant une condition commune, une identité collective et l’appartenance à un territoire. 3. La communauté est une réalité qui se construit, une réalité en...

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