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C H A P I T R E 6 L’APPROCHE SOCIO-INSTITUTIONNELLE EN ORGANISATION COMMUNAUTAIRE Denis Bourque Université du Québec en Outaouais denis.bourque@uqo.ca René Lachapelle CSSS de Sorel-Tracy rene.lachapelle@rrsss16.gouv.qc.ca L’approche socio-institutionnelle en organisation communautaire regroupe les initiatives en provenance des institutions qui, en fonction de leur mission, décident d’agir sur une problématique ou une réalité collective au moyen de réponses (programmes, services, coordination et concertation de ressources, etc.) s’appuyant, en tout ou en partie, sur l’action communautaire. Elle a pour origine une institution de nature souvent publique (CSSS, municipalité, etc.), semi-publique (Centraide, CLD, etc.) ou même privée (Fondation Chagnon, par exemple), mais elle désigne avant tout un modèle de pratique professionnelle et non pas seulement le lieu d’où provient cette pratique. Ainsi, un organisateur communautaire travaillant dans un Centre de santé et de services sociaux (CSSS) peut très bien adopter une approche sociopolitique ou de développement local dans certains dossiers, tout comme un intervenant d’organisme communautaire peut adopter une approche socio-institutionnelle dans le cadre d’un programme de santé publique par exemple. 102 L’organisation communautaire – fondements, approches et champs de pratique L’approche socio-institutionnelle en organisation communautaire est présente au Québec depuis les années 1970 principalement grâce à la création du réseau public de santé et de services sociaux. Aux États-Unis, ce modèle remonte aux années 1930 alors que les œuvres de bienfaisance décidèrent de coordonner leurs collectes et allocations de fonds (Shragge, 2006). La mise en place de services d’action communautaire dans les CLSC est en soi une forme d’approche socio-institutionnelle qui emprunte des strat égies diversifiées et cherche à mettre les membres de la communauté au centre des décisions et de l’action. La persistance, voire l’accroissement des problèmes sociaux et des inégalités en santé justifie, s’il le fallait, la pertinence d’une approche d’organisation communautaire plus institutionnelle associée au service public. Au fur et à mesure que le processus d’institutionnalisation des CLSC a progressé et que la Santé publique a intégré l’action communautaire à la promotion de la santé, l’approche socio-institutionnelle, souvent désignée comme étant du planning social, a pris de l’importance. Celles et ceux qui ont vécu la période innovatrice et instituante des CLSC s’en inquiètent, craignant que cela n’entraîne un recul des stratégies plus participatives et démocratiques de développement des communautés. Favreau et Fréchette (2003) ont été les premiers à désigner du nom d’approche socio-institutionnelle le modèle d’intervention en organisation communautaire associé aux services publics et que l’on peut relier en partie au modèle du planning social selon la typologie de Rothman (1970). Même si l’approche socio-institutionnelle tire son origine du planning social, elle tend à s’en distinguer en réaction au malaise que suscite ce modèle chez bon nombre d’organisateurs communautaires (Fortin et Hurtubise, 2004). La pierre d’achoppement concerne la place et le rôle des personnes et des communautés concernées dans la mise en place des initiatives issues du planning social. À la suite d’une revue de la littérature américaine sur le sujet, Fortin et Hurtubise (2004) ont relevé l’existence d’un débat sur le planning social qui a amené des auteurs comme Hudson (1979) et Lauffer (1981) à proposer un éventail de types de planning social partant du traditionnel au radical. Le planning social traditionnel s’apparente plutôt à de l’administration sociale et ne comporte aucune dimension d’organisation communautaire. Par exemple, un CLSC qui décide de répondre aux besoins de contraception des jeunes de son territoire en mettant sur pied une clinique médicale jeunesse le ferait selon un modèle de planning social traditionnel, mais ne contribuerait en rien à l’action communautaire de son milieu. Il devient donc nécessaire d’utiliser un concept, l’approche socio-institutionnelle, qui prend en compte le courant du planning social, mais qui peut aussi rendre compte de manière plus diversifiée et nuancée des pratiques québécoises. Ainsi, l’approche socio-institutionnelle prend différents visages selon qu’elle est axée sur l’expertise professionnelle ou sur le processus...

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