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Chapitre 2 : Facteurs de risque du TDAH
- Presses de l'Université du Québec
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2 C H A P I T R E FACTEURS DE RISQUE DU TDAH Sarah LECOMTE, Cité de la Santé de Laval Hélène POISSANT, Université du Québec à Montréal RÉSUMÉ Ce chapitre rapporte les résultats d’une méta-analyse (Lecomte, 2004) ayant retenu plus de 70 articles consacrés à l’étude des facteurs de risque associés au TDAH. Il existe plusieurs facteurs rapportés en lien avec ce trouble : les aspects pré- et périnataux, les problèmes familiaux et conjugaux, le milieu socioéconomique , les psychopathologies chez les membres de la famille et les comorbidités. On retrouve également plusieurs études réalis ées auprès de jumeaux et de sujets adoptés. On classe généralement ces facteurs selon une dichotomie environnementale et génétique, mais cette distinction théorique est, dans les faits, difficile à déterminer. La sélection de ces études a été faite selon plusieurs critères comme la taille de l’échantillon, l’âge des sujets et les qualités psychométriques des instruments de mesure. Les résultats montrent que les facteurs pré- et périnataux expliquent environ 2 % de la variance du TDAH, les probl èmes familiaux et conjugaux en expliquent entre 7 et 19 %, 18 Trouble déficitaire de l’attention avec hyperactivité le statut socioéconomique, 3,8 %, et les interactions parentsenfants , 7,8 %. Par ailleurs, les études sur les jumeaux révèlent un pourcentage d’héritabilité de près de 75 %. Les comorbidités chez les enfants TDAH expliqueraient jusqu’à 27 % de la variance, tandis que les psychopathologies chez les membres de la famille en expliqueraient jusqu’à 9,4 %. Les études sur des sujets adoptés viennent corroborer ces résultats. Ainsi, plusieurs facteurs se retrouvent en association avec le TDAH dont le principal serait l’hérédité. Toutefois, le recoupement des pourcentages laisse penser que des interactions entre les facteurs surviennent souvent. Au cours des dernières années, les chercheurs ont tenté de déterminer les« facteurs de risque » et de comprendre les diverses manifestations du trouble déficitaire de l’attention avec ou sans hyperactivité (TDAH). Or la recherche d’une cause à une problématique physique ou psychologique demeure un travail complexe. Les chercheurs qui s’y consacrent doivent composer avec de multiples réalités et se heurtent à divers problèmes méthodologiques. Cela entraîne des résultats parfois contradictoires dans la littérature d’où la difficulté de déterminer avec certitude le rôle que joue un facteur donné dans le développement du trouble. Une autre limite provient du fait que les recherches sur les causes des psychopathologies ont tendance à dissocier les types d’influences en deux grands secteurs : génétique ou environnemental et social/familial. Les tenants de la position génétique soutiennent qu’il y aurait une transmission d’un gène associé à un comportement donné, alors que ceux de la position environnementale considèrent que la transmission du comportement se ferait principalement par apprentissage. Bien que cette dissociation soit intéressante sur le plan théorique, elle paraît difficilement déterminable. Il nous semble plus probable que le comportement dépende à la fois des facteurs génétiques et environnementaux qui s’interinfluencent continuellement d’où la difficulté d’en déterminer les contributions respectives. Bien que l’étiologie du TDAH ne soit pas encore déterminée avec certitude, nous disposons tout de même d’informations concernant certains facteurs de risque. Les résultats présentés ici sont issus d’une méta-analyse passant en revue les facteurs jugés les plus pertinents afin [44.211.117.101] Project MUSE (2024-03-28 23:23 GMT) Facteurs de risque du TDAH 19 d’évaluer leur association possible avec le trouble (Lecomte, 2004). Parmi ces facteurs, nous retrouvons les comorbidités chez les enfants avec TDAH, les psychopathologies chez les membres de la famille (frères, sœurs et parents), les facteurs prénataux et périnataux, la présence de toxines environnementales telles que l’alcool et la cigarette, le statut socioéconomique et familial, les problèmes familiaux et conjugaux, les interactions parents-enfants problématiques, ainsi que ceux qui sont issus des recherches réalisées auprès des jumeaux et des participants adoptés (Barkley, 1997). 1. RAPPEL DE LA MÉTHODOLOGIE UTILISÉE L’identification des études...