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C h a p i t r e 1 Historique des relations cubano-étasuniennes 1. Des relations basées sur le colonialisme Pendant plus de trois décennies, la stratégie d’embargo commercial, financier et économique pratiquée par Washington a constitué l’élément central de la politique américaine envers Cuba. Dans cette perspective, il est important de revenir ou de se rapporter au contexte historique et politique d’ensemble dans lequel se situe la politique américaine envers Cuba, basée sur le colonialisme, et les dynamiques qu’elle déclenche. Il devient impératif de dresser un bilan historique et politique tout en établissant le cadre juridique du conflit bilatéral qui sépare les deux nations. Cela permettra de cerner les enjeux de ce conflit au niveau international, tout en le mettant en perspective avec le principe du droit des peuples à l’autodétermination qui est, tout comme la règle d’interdiction du recours à la force, l’un des piliers du droit international contemporain. 1.1. La découverte: la conquête de l’île1 Le 27 octobre 1492, Christophe Colomb découvrit l’île de Cuba, un territoire habité par une population autochtone assez hétérogène : les Tainos, les Siboneys et les Guanahatabeyes. La vraie conquête ne commença que 1. Pour la préparation de cette section, l’auteure s’est largement inspirée des ouvrages suivants : E. Galeano, Les veines ouvertes de l’Amérique latine : une contrehistoire, Paris, Plon, 1981 ; J. Del Pozo, Historia de la América Latina y del Caribe, 1825-2001, Santiago de Chile, LOM, 2002 et Julio Le Riverend, Histoire économique de Cuba, La Havane, Institut du livre de la Havane, 1967. 12 États-Unis/Cuba vingt ans plus tard, vers 1511, avec l’arrivée de Diego Velásquez, el conquistador . La population aborigène a subi les conséquences économiques et démographiques directes de l’arrivée des Espagnols. Alors qu’en 1500, environ 100 000 personnes d’ascendance autochtone habitaient le territoire cubain, ce nombre avait reculé considérablement après la conquête. On estime que plus de la moitié de cette population fut massacrée dès les premières années. La dynamique même du système colonial d’expansion qui s’organisa, à partir de Cuba, exigeait l’extermination suivie de l’exploitation assurée par le travail forcé imposé aux autochtones. En 1510 s’amorça ainsi la colonisation espagnole sur l’île de Cuba, encouragée vigoureusement par les lois de la métropole. La terre de Cuba fut juridiquement considérée comme la propriété du roi et les dispositions espagnoles de « pureté de sang » interdisaient le progrès social des autochtones et des personnes d’ascendance africaine. La période de colonisation espagnole à Cuba fut la plus longue du continent, allant de 1492 à 1898. Pour les Espagnols, Cuba réunissait les conditions nécessaires à leur expansion vers d’autres terres latino-américaines. La conquête du Nouveau Monde fut pour ses acteurs, dont les Espagnols, un moyen d’enrichissement immédiat. Dès 1513, les gouverneurs espagnols firent la distribution des terres royales parmi les représentants de la bourgeoisie et de l’oligarchie cubano-espagnole. Les conquérants implantèrent à Cuba le régime de l’encomienda, dont le succès requiert l’exploitation exclusive de la maind ’œuvre autochtone. Graduellement, un système social de type féodal et colonial fut instauré. L’attribution et la distribution des terres conquises facilitèrent le processus d’accumulation primitive du capital, axé sur les échanges de marchandises entre la colonie et la métropole. L’élimination progressive des autochtones par les Espagnols provoqua la fin du régime de l’encomienda. Cependant, la structure économique de l’île se consolida par l’existence des latifundios (latifundiums) consacrés à l’élevage extensif du bétail et les minifundiums (destinés à l’agriculture vivrière). Les autorit és de l’île mirent en place les estancias où les tâches d’agriculture et d’élevage furent assurées encore une fois grâce à l’exploitation de la maind ’œuvre autochtone. Avec l’extermination des communautés autochtones disparurent aussi leur savoir-faire et leurs techniques. De ce fait, l’économie cubaine a subi une profonde transformation, encouragée par le besoin d’introduire dans l’île les pratiques propres au marchandage et à la commercialisation, déjà présentes...

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