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L A R E C H E R C H E C R É AT I O N Préoccupations ontologiques Pour une délimitation de la recherche création Comment la nuit travaille en étoile et pourquoi Jean Lancri, professeur émérite Université Paris I – Panthéon Sorbonne Questionner la recherche création comme champ et comme pratique de recherche spécifique constitue le propos de cet ouvrage; or il n’en est guère, pour l’universitaire que je suis tout comme pour l’artiste que je crois être, de plus stimulant pour la réflexion. J’ai conscience ici que l’on attend de moi que je porte témoignage sur ce qui a pu être élaboré à l’Université de Paris I– Panthéon Sorbonne dans le domaine de la recherche en arts plastiques, notamment au doctorat. Rendons d’abord à César… Les précurseurs, dans cette contrée neuve pour la recherche universitaire, s’appellent Teyssèdre, Passeron, Baqué; je n’ai fait, quant à moi, que suivre la voie ouverte par ces aînés. Que poursuivre la voie tracée par ces inventeurs d’un modèle de thèse dont j’ai coutume de dire, pour ma part, qu’il s’agit d’une thèse 100 modèles. Oui, je dis bien 100. À la condition d’écrire ce mot tel qu’il apparaît dans le titre du roman par collages de Max Ernst, La femme 100 têtes. En faisant autant référence à la centaine qu’à la préposition sans. Autrement dit, c’est une thèse qui, d’une part, n’a guère de modèle et qui, d’autre part, ne saurait en avoir, parce qu’elle se doit d’en dénombrer autant qu’il existe de chercheurs: espérons pouvoir un jour 1. 10 | LA RECHERCHE CRÉATION compter ceux-ci par centaines! Ce qui ne la dispense pas, loin de là, cette thèse d’un nouveau genre, d’avoir à répondre à un certain nombre d’exigences. En ce qui concerne la mise en œuvre de la recherche création, j’ai déjà eu l’occasion de m’expliquer, notamment dans un article intitulé«Modestes propositions sur les conditions d’une recherche en arts plastiques à l’Université1 ». Ce sont ces propositions-là qui, me semble-t-il, ont motivé mon invitation à prendre part à cet ouvrage collectif. Aussi m’en vais-je reprendre, dans un premier temps, l’essentiel de ces propositions. J’y ajouterai ensuite un point que j’avais laissé, si j’ose dire, dans la nuit. Or c’est un point qui me «point» (du verbe«poindre» d’où vient l’adjectif «poignant»); un point qui me tenaille et me travaille tout comme il travaille, selon moi, tout chercheur en arts plastiques. Ce point-là pourrait s’énoncer comme suit: comment, alors qu’il est, métaphoriquement parlant, immergé dans sa nuit, comment travaille un chercheur en arts plastiques? Comment travaille-t-il dans sa nuit pour aller vers son jour, pour s’avancer vers ce qui cherche à se faire jour en lui? Plus précisément encore, comment travaille-t-il la nuit, la matière même de sa nuit, comme d’autres travaillent le marbre ou le bois? Et comment cette nuit-là, en retour, le travaille-t-elle? Ainsi essayerai-je de donner substance et pertinence au titre de ce chapitre:«Comment la nuit travaille en étoile et pourquoi». Pour résumer mes positions, pour modestes qu’elles soient, une bonne vingtaine de propositions ne seraient pas de trop. Je n’en exposerai que quelques-unes, car mon but est d’arriver au plus vite à ce point dont je viens de dire à quel point il me point. Mais point de hâte; pavons d’abord notre chemin. 1. Une thèse en arts plastiques a pour originalité (du moins en France, et plus précisément à Paris I) d’entrecroiser une production plastique avec une production textuelle. Elle n’aboutit que dans la mesure 1. La première mouture de ces «Modestes propositions» fut prononcée le 9 septembre 1997, à l’Instituto de Artes, Universidade Federal do Rio Grande do Sul, Porto Alegre (Brésil). Publication, en brésilien, dans O Meio Como Ponto Zero (Metodologia da pesquisa em artes plasticas), sous la direction de Blanca Brites et Elida Tessler, Universidade/UFRGS, 2002, coll. «Visualidade 4». Publication en français dans le no 1 de la revue [plastik...

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