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C H A P I T R E 9 L’ÉVALUATION ET LE TRAITEMENT DE LA VIOLENCE CONJUGALE Yvan Lussier, John Wright, Marie-France Lafontaine, Audrey Brassard et Norman B. Epstein L’intervention de couple lorsqu’il y a présence de violence entre les partenaires est sans aucun doute une problématique qui demande une grande perspicacité, même chez les intervenants les plus expérimentés. Dans de telles situations, tous sont aux prises avec des questionnements d’ordre éthique, légal et de sécurité, à la fois pour la victime et pour eux-mêmes. L’efficacité de leur intervention est aussi mise en doute, car plusieurs intervenants n’ont reçu aucune formation en regard de cette problématique et sont très peu préparés à y faire face (HoltzworthMunroe , Marshall, Meehan et Rehman, 2003). Bien que les spécialistes de l’intervention conjugale formulent la recommandation générale de ne jamais entreprendre une thérapie ou de cesser la thérapie de couple lorsqu’il y a présence de violence entre les partenaires, il n’est pas facile 446 MANUEL CLINIQUE DES PSYCHOTHÉRAPIES DE COUPLE de déterminer dans quelles circonstances et pour quelles formes de violence il faut appliquer cette recommandation. De plus, entre 50% et 70% des couples qui consultent en thérapie rapporteraient au moins un épisode de violence au cours de la dernière année (Ehrensaft et Vivian, 1996). S’il fallait mettre en application de manière rigide la recommandation des spécialistes, il n’y aurait pratiquement plus de thérapie conjugale. Étant donné la prévalence de ce phénomène, la forte probabilité que la violence se poursuive une fois qu’elle a débuté et les conséquences négatives qu’elle entraîne sur l’ensemble de la famille, il est primordial que les cliniciens qui interviennent auprès de couples et de familles y portent un intérêt particulier afin d’intervenir de manière comp étente et efficace. Le présent chapitre vise à sensibiliser les intervenants à la problématique de la violence conjugale, à leur fournir des outils diagnostiques pour bien circonscrire la nature et les effets des gestes violents et à dégager des pistes d’intervention pour aider les couples à résoudre leurs différends de façon fonctionnelle. 1. ÉTAT DES CONNAISSANCES SUR LA VIOLENCE CONJUGALE 1.1. Définitions La violence conjugale (VC) est une problématique sociale qui est marquée par le manque de consensus des gouvernements, des chercheurs et des intervenants en clinique quant à la manière de la définir. Il s’agit d’une appellation générale qui revêt de grandes divergences en fonction de la conceptualisation utilisée, de la nature, de la gravité, de la chronicit é, du sexe du conjoint aux comportements violents et des répercussions des gestes posés sur le conjoint ou la conjointe1 et la famille. À ce stade-ci, il n’y a pas de définition unique de la violence conjugale. Au lieu de cela, il y a une prolifération de constructions théoriques et une hétérogénéité de définitions qui tentent de circonscrire la violence conjugale . Par exemple, certains auteurs définissent la violence exclusivement en termes de voies de fait physiques (Gelles et Straus, 1979). Également, en recherche empirique, le choix de l’instrument de mesure utilisé par les chercheurs limite le ou les types de violence évalués. Tout de même, un certain consensus global se dégage de la documentation et il est possible de faire ressortir de l’ensemble des définitions de la violence conjugale au moins trois types de violence, soit la violence psychologique, la violence physique et la violence sexuelle. À ceux-ci pourraient aussi s’ajouter d’autres types de violence comme la violence financière et la violence spirituelle. La violence conjugale psychologique peut prendre de multiples formes, y compris insulter son/sa partenaire, parjurer contre lui/elle, le/la rabaisser, menacer de le/la frapper ou de lui lancer des objets, détruire ses biens ou frapper dans les murs. Elle englobe à la fois les actions verbales et non verbales qui, symboliquement, font du mal ou de la peine à l’autre ou 1. Dans le présent chapitre, la violence conjugale est conceptualisée comme pouvant être perpétrée par les deux conjoints. Toutefois, pour éviter des structures de phrase lourdes...

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