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C H A P I T R E 4 LA PSYCHOTHÉRAPIE DE COUPLE D’ORIENTATION COGNITIVECOMPORTEMENTALE John Wright, Stéphane Sabourin, Yvan Lussier et Hélène Poitras-Wright Le but de ce chapitre est de tracer un bref portait historique de la psychothérapie de couple d’orientation cognitivecomportementale (PCCC). Par la suite, les stratégies clés de la PCCC sont présentées à l’aide d’études de cas illustrant la poursuite de trois mandats thérapeutiques: l’amélioration de la relation conjugale, la résolution de l’ambivalence et la gestion de crise. 1. PERSPECTIVE THÉORIQUE ET HISTORIQUE Au cours des années 1970 et 1980, le modèle prédominant de psychothérapie de couple d’orientation cognitivecomportementale (PCCC) se fondait sur l’échange comportemental et l’entraînement aux habiletés de communication 226 MANUEL CLINIQUE DES PSYCHOTHÉRAPIES DE COUPLE et de résolution de problèmes (Jacobson et Margolin, 1979; Wright, 1984). Ces objectifs et stratégies thérapeutiques s’inspiraient alors des théories de l’apprentissage social et des recherches sur les caractéristiques des couples dysfonctionnels. En laboratoire, il est possible d’observer qu’en comparaison avec des couples heureux, le répertoire interactionnel des couples en détresse se caractérise par un très faible taux de conduites positives (manifestations d’affection, compliments, collaboration, gestes agréables) et un ratio élevé de comportements négatifs (critiques, coercitions, menaces, gestes volontairement punitifs). L’analyse de ces interactions chez les couples malheureux montre aussi une forte propension à l’escalade, tant sur les plans de la fréquence que de l’intensité, et une réciprocité croissante des conduites négatives. Ces échanges symétriques culminent en paroles et en gestes très blessants tant psychologiquement que physiquement. En conséquence, les psychothérapeutes de couples d’orientation cognitivecomportementale ont mis au point un module de traitement centré sur l’échange comportemental . Dès 1969, Stuart (1969) élabore une procédure d’échange en deux étapes. Il aide d’abord les conjoints à développer des objectifs de changements comportementaux que chacun désire voir l’autre réaliser: «J’aimerais que mon mari me parle plus fréquemment» ou «Je voudrais que ma femme accepte d’augmenter la fréquence de nos rapports sexuels». Cette liste de changements souhaités fait ensuite l’objet d’une négociation et d’un contrat où chacun s’engage à adopter certains comportements positifs spécifiques. L’application de cette stratégie vise l’accroissement rapide des conduites positives et la réduction des comportements associés à la détresse conjugale. L’analyse de l’efficacité de ces pratiques amène Jacobson et Margolin (1979) à proposer des modifications importantes à la stratégie développée par Stuart (1969). Ainsi, certains types de contrats sont exclus d’emblée si, pour des raisons cliniques, les changements comportementaux souhaités sont jugés prématurés. Par exemple, l’augmentation de la fréquence des rapports sexuels apparaît contre-indiquée si l’un des conjoints souffre d’une dysfonction sexuelle. Jacobson et Margolin (1979) suggèrent aussi l’instauration de contrats parallèles prévoyant que si un des conjoints ne respecte pas l’entente prévue et que l’autre y parvient, ce dernier doit recevoir sa récompense. Les cliniciens fidèles à cette approche aux États-Unis proposent encore des ententes formelles, verbales ou écrites, qui visent l’échange de comportements. Wright et Sabourin (1985) soulignent que ces contrats visant à modifier les taux d’échanges positifs soulèvent tout de même diverses difficultés d’application. Premièrement, bien des individus critiquent cette approche parce qu’elle ne correspond pas à leur vision des relations intimes: «Le clinicien est trop mercantile!» Deuxièmement, une proportion importante de conjoints ne dispose pas du répertoire cognitif ou comportemental nécessaire pour réussir le changement désiré. Par exemple, plusieurs individus ne savent pas comment être affectueux à l’aide de gestes ou de paroles. Troisièmement, un bon nombre de demandes de changements formulées par l’un ou l’autre conjoint font l’objet d’un conflit qui doit être réglé avant d’entreprendre un projet d’échange comportemental. Enfin, dans certains cas, ces contrats d’échange s’avèrent si artificiels que les conjoints ne développent pas véritablement un mode efficace de régulation de leurs comportements. Face à ces difficultés, [18.188.44.223...

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