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Prise en charge des aînés, rôles de la famille et attentes à l’égard de l’État Nancy Guberman Université du Québec à Montréal, Centre de santé et de services sociaux Cavendish Éric Gagnon Centre de santé et de services sociaux de la Vieille-Capitale Jean-Pierre Lavoie Centre de santé et de services sociaux Cavendish Avec la collaboration de Valérie Bourgeois-Guérin Université du Québec à Montréal Ana Gherghel Université Laval Aline Vézina Université Laval Hélène Belleau Institut national de la recherche scientifique – Urbanisation, culture et société (INRS-UCS) La recherche sur l’aide des proches a montré le rôle essentiel joué par la famille, et les femmes tout particulièrement, dans le soutien aux personnes âgées avec incapacités et vivant à domicile. Elle a remis en question l’idée répandue d’un abandon des personnes âgées par leur famille, et elle a montré la survivance de solidarités familiales (Garant et Bolduc, 1990; Fortin, 1994). Mais cette recherche a soulevé en même temps des interrogations quant à la capacité des familles, dans les prochaines 154 Nancy Guberman, Éric Gagnon et Jean-Pierre Lavoie décennies, à continuer à offrir cette aide et ces soins (Guberman, 1999; Rosenthal, 2000). De nombreux chercheurs et observateurs appréhendent une décroissance dans l’aide apportée par les membres de la famille à des proches âgés malades. Pendant les quarante dernières années, la vie familiale dans les pays occidentaux a connu des transformations majeures: une baisse substantielle des taux de naissances, la réduction de la taille des fratries, la participation massive des femmes sur le marché du travail, l’instabilité des couples et une augmentation du taux de divorce et une redéfinition des formes familiales (familles monoparentales, familles recomposées, reconnaissance des familles gaies, etc.). Les politiques sociales sur le vieillissement demeurent pourtant, pour la majorité d’entre elles, basées sur la prémisse que les familles sont disponibles et bien disposées à offrir l’aide à un parent âgé ayant des incapacités (Lavoie et al., 2005). Les prochaines générations serontelles en mesure d’assumer l’aide actuellement offerte par les familles? Voudront-elles le faire? Si on a beaucoup prêté attention aux tendances démographiques, on a quelque peu négligé les normes et les valeurs qui sous-tendent les responsabilités et les solidarités familiales envers les parents âgés, et les façons d’y répondre. Outre les systèmes de valeurs, les normes sociales et familiales, il faut prendre en compte les conditions matérielles des familles afin de comprendre la dynamique des relations et interactions familiales, notamment concernant l’aide à apporter à des parents âgés. Des chercheurs ont repéré deux grandes modalités d’aide et de soins aux personnes âgées (Archbold, 1982; Lalive d’Epinay et al., 2000). La première met l’accent sur la prestation d’aide par la famille, la seconde met l’accent sur la gestion par la famille de services «formels». On identifie donc deux façons différentes «d’assumer ses responsabilités»: une centrée sur le faire, l’autre sur le faire-faire (Kaufmann, 1995). Certains voient dans ces deux modalités des modèles divergents d’autonomie: un premier centré sur l’autonomie familiale par rapport aux services publics, un second centré sur l’autonomie individuelle des membres de la famille les uns par rapport aux autres (Clément et Lavoie, 2001). Deux éléments interreliés semblent particulièrement mouvants et significatifs: les normes de solidarité familiale et la valeur de l’autonomie. Les obligations familiales en effet sont le résultat d’ententes négociées entre les individus d’une famille et façonnées par des normes sociales ambiantes et les conditions matérielles de la famille. Si le soutien des conjoints aurait un caractère quasi obligatoire, celui des autres membres de la famille est plus discrétionnaire (Clément, Grand et Grand-Filaire, 1996; Lavoie, 2000; Clément, Gagnon et Rolland, 2005). Dans les situations où la famille est le recours ultime ou le seul recours, comment répondre à cette incitation à aider si l’on n’a pas les moyens économiques et émotionnels [18.224.149.242] Project MUSE (2024-04-25 02:29 GMT) Prise en charge des aînés, rôles de la famille et attentes à l’égard de l’État 155...

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