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Conclusion De l’écotourisme à l’éthique Retrouver le sens unitaire du monde Bernard Schéou Maître de conférences à l’Université de Perpignan Via Domitia et chercheur au Laboratoire d’économie des transports [3.14.70.203] Project MUSE (2024-04-16 23:35 GMT) Conclusion 395 Comment conclure un ouvrage collectif sur l’écotourisme ? À partir des différentes contributions, nous reviendrons dans un premier temps sur la multiplicité et l’ambiguïté du concept d’écotourisme tant comme modèle théorique que dans sa réalité. Si les critiques portées à l’encontre de l’écotourisme dans ses mises en œuvre sont nombreuses, la plupart ne remettent pas en cause l’ontologie qui caractérise la modernité alors qu’à notre sens, la principale critique exprimée à travers l’écotourisme devrait justement concerner les modalités de notre être-au-monde. Et revenir sur la crise de la modernité apporte un éclairage différent sur les problèmes que révèle le questionnement autour de l’écotourisme. La solution à cette crise n’est pas seulement technique mais, en premier lieu, éthique. L’ÉCOTOURISME: MULTIPLICITÉ ET AMBIGUÏTÉ DU CONCEPT ET DE SES APPLICATIONS Porté par la vague de fond que constitue le développement durable, qui représente désormais une référence obligée de tout discours universitaire ou politique, l’écotourisme est en voie d’apparaître également comme la solution incontournable permettant de faire face aux différentes conséquences négatives qu’implique la diffusion massive de l’activité touristique sur la planète. À ce titre, le concept d’écotourisme tend de plus en plus à se rapprocher de celui de tourisme durable et devient à son tour le point de cristallisation de multiples projections de la part des acteurs concern és. Cette extension du concept d’origine semble infinie, l’écotourisme tendant à devenir simplement un synonyme de l’expression « tourisme durable ». Mais cette extension n’a-t-elle pas pour conséquence une réduction de la pertinence du concept d’écotourisme ? D’autant plus que l’écotourisme , dans ses modalités de mise en œuvre, est parfois loin d’atteindre les objectifs qui lui sont assignés théoriquement. Comment l’écotourisme a-t-il pu devenir ce « modèle banalisé et préconisé par tous les experts1 » ? Pourtant à l’origine, le terme désigne plus un simple produit touristique, une forme de pratique touristique qu’un véritable concept. L’une des premières définitions, celle d’Héctor Ceballos-Lascuráin, abondamment citée, définit l’écotourisme par le type d’activité – étudier et admirer le paysage, les plantes, les animaux sauvages ou toute manifestation culturelle – et par le milieu concerné – des zones naturelles relativement intactes ou peu perturbées (CeballosLascur áin, 1987). Mais les nombreux conflits des administrations de 1. Jacques Perret (nous limiterons les références des citations extraites des contributions du présent ouvrage à la simple mention de l’auteur). 1. 396 L’écotourisme entre l’arbre et l’écorce parcs naturels avec certaines populations locales concernées et les échecs qui en résultaient ont permis de faire prendre conscience que la nature complètement vierge n’existait pas. Et très vite, on est passé d’une définition basée sur la simple observation et étude de la faune et de la flore à un tourisme pratiqué en zones naturelles mais contrôlé par les populations locales et leur profitant économiquement, rejoignant en cela les définitions du tourisme durable. Il existe donc une tendance au rapprochement des différentes formes de tourisme (culturel, de nature, de rencontre et d’échange) tant au niveau des pratiques que des valeurs de référence et cette tendance s’explique par « la domination actuelle du modèle du développement durable, qui en devenant l’unique étalon de mesure formate et les pratiques touristiques et les valeurs auxquelles elles se réfèrent » (Schéou, 2006). Et aujourd’hui, la plupart des auteurs qui travaillent sur l’écotourisme refusent de le considérer comme une simple pratique touristique pour en faire un concept plus ou moins proche de celui du développement durable. Mais la relation au développement durable n’est pas toujours aussi évidente dès lors qu’on la questionne, comme en témoigne le cadre interpr étatif proposé par Christiane Gagnon et Dominic Lapointe à partir du croisement des quatre métaprincipes structurants de l’écotourisme (valorisation de...

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