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c h a p i t r e 12 RÔLES ET FONCTIONS DES ADOLESCENTES AFFILIÉES AUX GANGS DE RUE Ce qu’elles en disent Michèle Fournier Université de Montréal Marie-Marthe Cousineau Université de Montréal Sylvie Hamel Université du Québec à Trois-Rivières A [18.221.146.223] Project MUSE (2024-04-20 02:38 GMT) epuis les travaux de Trasher, publiés en 1927, les recherches portant sur les gangs de rue se sont multipli ées et les connaissances sur le sujet se sont considérablement élargies. Plusieurs facettes du phénomène ont été analysées, notamment sa prévalence, les caractéristiques des membres, la structure hiérarchique et les activités délinquantes s’y rapportant1. Les études les plus récentes concluent, d’une part, à une augmentation tant du nombre de gangs que du nombre de membres y étant associés et, d’autre part, à une transformation des gangs et de leurs activités (Hamel, Cousineau et Léveillé, 2004). Ces tendances ont été confirm ées pour le Québec dans le cadre d’une récente tournée provinciale visant à faire le point sur les jeunes et le phénomène des gangs (Cousineau, Hamel et Desmarais, 2004). Or, malgré l’abondance de tous ces écrits, essentiellement nordam éricains2, le savoir portant sur la présence et le vécu des filles affiliées aux gangs de rue tarde à émerger. Pour Esbensen et Deschenes (1998), le fait que l’implication des filles au sein des gangs soit un domaine négligé de la recherche serait dû, en grande partie, à la perception que le phénomène est statistiquement rare et que les gestes posés par les filles sont moins sérieux ou moins graves que ceux posés par les garçons. Joe et Chesney-Lind (1995) ajoutent que le stéréotype du délinquant est tellement masculin que la police, le public en général et même les chercheurs s’intéressant à la délinquance des jeunes se sont rarement attardés aux filles et à leurs difficultés avec la loi, simplement parce qu’ils n’en voyaient pas l’intérêt ou l’importance. Pourtant, les auteurs d’études traitant de ce sujet (notamment Joe et Chesney-Lind, 1995 ; Molidor, 1996) signalent que les filles occupent une place de plus en plus importante et significative dans les gangs de rue et que l’expérience qu’elles y vivent leur est spécifique, d’où la pertinence de s’y intéresser plus attentivement. Le présent chapitre lève le voile sur une portion importante de l’expérience des filles avec les gangs de rue en s’intéressant aux rôles et aux fonctions qu’elles y occupent. L’étude sur laquelle s’appuie ce chapitre, tout en se situant dans la lignée d’une vague de travaux réalisés récemment au Québec et qui traitent de divers aspects des gangs de rue – et particulièrement de l’implication des filles dans ces gangs (Arpin, Dubois, Dulude et Bisaillon, 1994 ; 1. Pour une recension des écrits sur la question, voir Hébert, Hamel et Savoie (1997). 2. Les travaux européens traitent plutôt des bandes délinquantes et renvoient au phénomène d’exclusion sociale. D Les conduites antisociales des filles 342 Lanctôt et Le Blanc, 1997 ; Hamel, Fredette, Blais et Bertot, 1998) –, se distingue des travaux précédents par son approche résolument qualitative. Cette approche laisse toute liberté à l’interviewée de s’exprimer sur les dimensions les plus significatives de son expérience avec les gangs, tout en s’assurant que les thèmes en lien avec les objectifs de l’étude sont couverts. Dans notre étude, les objectifs3 visaient à comprendre et à décrire le cheminement et l’expérience des filles en lien avec les gangs de rue. Afin de mettre en contexte l’expérience des filles dans les gangs de rue, qui représente l’objet principal de ce chapitre, il nous semblait important de traiter des gangs de rue en général, de rapporter des informations sur les caractéristiques des filles affiliées à ces gangs ainsi que sur les rôles et les fonctions qu’elles occupent au sein de ces organisations. 1. EN GUISE DE MISE EN CONTEXTE : QUELQUES MOTS SUR LES...

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