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c h a p i t r e 5 CARACTÉRISTIQUES ET FACTEURS ASSOCIÉS AU TROUBLE DES CONDUITES DES ADOLESCENTES Jean Toupin Université de Sherbrooke REMERCIEMENTS Cette étude a été soutenue par le Fonds pour l’adaptation des services de santé du Canada (FASS), par l’Initiative sur la santé de la population canadienne (ISPC), un programme de l’Institut canadien d’information sur la santé (ICIS), par le Fonds québécois de recherche sur la société et la culture (FQRSC) et par l’Université de Sherbrooke. [18.116.51.117] Project MUSE (2024-04-19 03:58 GMT) 1. DÉFIS DE L’ÉTUDE DES CONDUITES ANTISOCIALES DES FILLES Plusieurs études portant sur les conduites antisociales1 des enfants et des adolescents incluent seulement des participants de sexe masculin (Moffitt, Caspi, Dickson, Silva, Stanton, 1996 ; Farrington, 1995 ; Le Blanc, McDuff et Kaspy, 1998 ; Loeber, Green, Keenan, Lahey, 1995 ; Tremblay, Masse, Perron, Le Blanc, 1992). Toutefois, au cours des dix dernières années on a pu constater un accroissement significatif des recherches s’intéressant également aux conduites antisociales des filles (Björkqvist, 1994 ; Côté, Tremblay, Nagin, Zoccolillo, Vitaro, 2002 ; Crick et Grotpeter, 1995 ; Keenan, Loeber et Green, 1999 ; Lahey et al., 2000 ; Lanctôt et Le Blanc, 2000 ; McCabe, Rodgers, Yeh, Hough, 2004 ; Moffitt et Caspi, 2001, Rowe et al., 2002). Deux problèmes particuliers semblent avoir retardé le développement des connaissances dans ce secteur. D’abord, d’un point de vue méthodologique , la prévalence moins élevée des conduites antisociales chez les filles (Costello et al., 1996 ; Lahey et al., 2000 ; Rowe et al., 2002 ; Verhulst et al., 1997) entraîne souvent une très faible puissance statistique pour détecter des différences selon le sexe (Keenan et al., 1999 ; Moffitt et Caspi, 2001). C’est ainsi que, bien que l’échantillon de l’étude de Dunedin comporte 1037 participants (voir, dans ce livre, le chapitre de Moffitt et Caspi), les analyses sur les filles qui présentent des conduites antisociales précoces ne portent que sur six participantes. Un second problème est d’ordre conceptuel et consiste à statuer sur la définition et le seuil des conduites antisociales selon le sexe (Björkqvist, 1994 ; Crick, 1995 ; Zahn-Waxler, 1993 ; Zoccolillo, 1993). À cet effet, plusieurs études suggèrent que la prévalence de l’agression physique est plus faible chez les filles que chez les garçons (Björkqvist, 1994 ; Lahey et al., 2000 ; Keenan et al., 1999). Pour certains, cela suggère d’établir un seuil clinique différent selon le sexe (Zoccolillo, 1993). Ce point de vue ne fait pas l’unanimité (Zahn-Waxler, 1993 ; Moffitt et al., 2001). Par ailleurs, nombre d’auteurs signalent que l’agression indirecte est plus fréquente chez les filles 1. Bien que cette étude porte principalement sur des jeunes qui présentent un trouble des conduites tel que défini dans le Diagnostic and Statistical Manual of Mental Disorder (DSM-IV, American Psychiatric Association, APA, 1994), les recherches recensées comportent divers autres termes, notamment les conduites délinquantes. Puisque nombre de ces écrits sont pertinents à notre propos, nous recourons à la catégorie plus large des conduites antisociales pour inclure ces études. Les conduites antisociales des filles 152 et mériterait d’être considérée dans l’évaluation des conduites antisociales (Björkqvist, Österman et Kaukianinen, 1992 ; Crick et Grotpeter, 1995 ; Crick, 1997 ; Offord, Lipman et Duku, 2001 ; Verlaan, Déry, Toupin et Pauzé, 2005) ; deux justifications fréquemment avancées étant l’importance des dif- ficultés d’adaptation associées chez les agresseurs et les conséquences de l’agression indirecte pour les victimes (Crick, 1997 ; Crick et Zahn-Waxler, 2003). Peut-être à cause de ces problèmes, les modèles théoriques relatifs au développement des conduites antisociales chez les filles sont beaucoup moins fermement établis que pour les garçons. Si certains auteurs suggèrent qu’il y a certains mécanismes propres aux filles dans la survenue des conduites antisociales (Silverthorn et Frick, 1999), d’autres maintiennent que les facteurs associés au développement de conduites antisociales précoces sont les mêmes pour les garçons et pour les filles (Moffitt et al., 2001), tandis que d’autres encore jugent les données actuellement disponibles comme insuffisantes et invitent les chercheurs à vérifier l’applicabilité de leur modèle pour les...

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