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© 2006 – Presses de l’Université du Québec Édifice Le Delta I, 2875, boul. Laurier, bureau 450, Québec, Québec G1V 2M2 • Tél.: (418) 657-4399 – www.puq.ca Tiré de: Réalités nationales et mondialisation, sous la direction de Robert Bernier, ISBN 2-7605-1408-0 • D1408 Tous droits de reproduction, de traduction et d’adaptation réservés C H A P I T R E 15 LE NAUFRAGE D’UNE ILLUSION Changer l’Iraq pour mieux le reconstruire Jocelyn Coulon Directeur du Réseau francophone de recherche sur les opérations de paix, affilié au Centre d’études et de recherches internationales de l’Université de Montréal (CERIUM). Il est aussi professeur invité au Groupe d’étude et de recherche sur la sécurité internationale (GERSI) et commentateur de politique internationale au quotidien La Presse. Lorsque les forces armées américaines et britanniques se lancent à l’assaut de l’Iraq le 20 mars 2003 pour envahir le pays et changer son régime, les dirigeants de la coalition américano-britannique ont plusieurs objectifs en tête, et celui de l’élimination des armes de destruction massive n’en est qu’un parmi d’autres. En effet, si, pendant toute la période menant au déclenchement des hostilités, le discours public a porté essentiellement sur la nécessité de neutraliser le potentiel nucléaire, biologique et chimique de l’Iraq et de combattre le terrorisme, il a aussi intégré d’autres considérations liées à la promotion de la démocratie, au respect des droits de la personne, au développement économique, à une meilleure gouvernance et à l’établissement de relations pacifiques entre pays du Moyen-Orient. La controverse sur les armes de destruction massive a éclipsé l’argumentaire américain et britannique sur la volonté de réinsérer l’Iraq au sein de la communauté internationale, d’en faire un exemple pour le monde arabe et, plus largement, pour les États en développement aux prises avec des conflits politiques et sociaux dont la © 2006 – Presses de l’Université du Québec Édifice Le Delta I, 2875, boul. Laurier, bureau 450, Québec, Québec G1V 2M2 • Tél.: (418) 657-4399 – www.puq.ca Tiré de: Réalités nationales et mondialisation, sous la direction de Robert Bernier, ISBN 2-7605-1408-0 • D1408 Tous droits de reproduction, de traduction et d’adaptation réservés 432 RÉALITÉS NATIONALES ET MONDIALISATION virulence empêche une transition vers la démocratie ou fragilise cette transition lorsqu’elle a lieu. Grand exportateur de pétrole, héritier d’une brillante civilisation, abritant une population éduquée et ouverte sur le monde, l’Iraq reconstruit grâce aux bons soins des États-Unis pourrait jouer, selon Washington, un rôle essentiel dans le processus de mondialisation des économies. Dans une économie planétaire, où la mondialisation ne peut échapper aux impératifs sécuritaires, l’exemple iraquien acquiert une importance centrale, même s’il demeure un cas extrême d’utilisation de la violence au service d’une « juste cause ». Pourtant, presque quatre ans après le changement de régime, la reconstruction de l’Iraq selon les vœux de la coalition américanobritannique demeure un des objectifs initiaux les plus difficiles à atteindre, s’il n’est pas inatteignable. La Constitution mise aux voix par référendum le 15 octobre 2005 a été adoptée de justesse, même si la majorité des Sunnites l’a rejetée. Les membres du gouvernement iraquien craignent pour leur sécurité. L’intervention militaire a entraîné la mort de 2 500 soldats américains et de 50 000 Iraquiens, les violences sont devenues quotidiennes , les milices privées prolifèrent et l’insurrection, bien installée, empêche un retour à la normale. L’aide à la reconstruction arrive au compte-gouttes, les infrastructures sont dans un état déplorable, la production de pétrole stagne, les humanitaires ont quitté le pays et le nombre de membres de la coalition américano-britannique est passé de 45 à 25 pays. L’Iraq est un pays isolé, entouré de pays ennemis (Syrie, Iran, Turquie et Arabie saoudite), où l’économie est maintenue sous ponction grâce aux dépenses militaires américaines. Enfin, l’économie américaine est frappée de plein fouet par les coûts exorbitants du conflit, et l’administration du président républicain George W. Bush...

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