In lieu of an abstract, here is a brief excerpt of the content:

© 2006 – Presses de l’Université du Québec Édifice Le Delta I, 2875, boul. Laurier, bureau 450, Québec, Québec G1V 2M2 • Tél.: (418) 657-4399 – www.puq.ca Tiré de: Réalités nationales et mondialisation, sous la direction de Robert Bernier, ISBN 2-7605-1408-0 • D1408 Tous droits de reproduction, de traduction et d’adaptation réservés C H A P I T R E 8 LA CHINE ET LA NOUVELLE ROUTE DE LA SOIE Morteda Zabouri Science politique, Université de Montréal Taïeb Hafsi École des hautes études commerciales de Montréal 1. LA CHINE ET LA NOUVELLE ROUTE DE LA SOIE Li Peng, premier ministre de Chine (1987-1998), déclarait lors d’un voyage en Asie centrale en 1994 « qu’il était important de promouvoir l’ouverture d’une version moderne de la Route de la soie » (Roy et Johnson, 2001, p. 153). Plus récemment, le premier ministre de l’Inde revenait sur cette idée et insistait sur son caractère prometteur pour le développement d’une synergie des efforts dans cette direction. L’ancien président américain, Bill Clinton, participait à une rencontre avec des dirigeants de 50 grandes entreprises, au Xingjian en septembre 2005, et y prononçait un discours sur la Route de la soie et la mondialisation. Ce sujet, très ancien, semble soudain reprendre vie. Les premiers ministres de Chine et de l’Inde et le président américain faisaient référence à un espace commercial historique formé d’un ensemble de routes commerciales actives rayonnant sur une vaste échelle durant plus de deux millénaires, avec des périodes relativement courtes de déclin. Ces routes passaient initialement par l’Asie centrale et liaient la Chine au Moyen-Orient, au sous-continent indien, à la Russie et à © 2006 – Presses de l’Université du Québec Édifice Le Delta I, 2875, boul. Laurier, bureau 450, Québec, Québec G1V 2M2 • Tél.: (418) 657-4399 – www.puq.ca Tiré de: Réalités nationales et mondialisation, sous la direction de Robert Bernier, ISBN 2-7605-1408-0 • D1408 Tous droits de reproduction, de traduction et d’adaptation réservés 208 RÉALITÉS NATIONALES ET MONDIALISATION l’Europe. C’était une structure de cohérence du commerce en Asie et dans l’Eurasie (Etiemble, 1989). Elle avait pour pilier la Chine à l’est et la Perse1 – actuel Iran – à l’ouest (Boulnois, 2001 ; Curtin, 1998). La Route de la soie peut être considérée comme une longue expérience de mondialisation avant les temps modernes (Frank, 1998 ; Maddison, 2001). Elle avait donné à l’Asie un poids économique, une influence politique et une prospérité de premier ordre (Braudel, 1979, p. 461-463 ; Frank, 1998, p. 171-172). Au-delà du discours, depuis une décennie, « rebuilding the Silk Road» est devenu en Chine une composante des réformes et des politiques économiques chinoises. Cette stratégie a aussi une influence sensible sur l’aménagement du territoire et sur la politique étrangère. Pour ce pays, l’idée d’une nouvelle Route de la soie apparaît comme un enjeu où s’entrelacent différentes problématiques de première importance, dont celle de l’approvisionnement pétrolier en ces temps de rareté de la ressource2. De même, cette référence à la Route de la soie est de plus en plus évoquée par des dirigeants de pays de l’OCDE ou d’organisations multilat érales. La Banque asiatique de développement a conçu, depuis 2002, un programme pour l’Asie centrale3 qui s’inscrit dans la réactivation des marchés de l’ancienne Route de la soie. D’autres programmes et d’autres organisations multilatérales s’inscrivent dans cet objectif. L’Europe s’y intéresse activement à travers différents programmes4. Les États-Unis, même si leur intérêt pour cette région n’est pas intégré à une logique de réanimation de la Route de la soie, accordent une importance significative à l’Asie centrale. Des considérations pétrolières, politiques et stratégiques sont à l’origine d’un tel intérêt et de la politique américaine dans la région. En particulier, la valorisation des hydrocarbures de la région et la construction de l’oléoduc transcaucasien (BTC) (Jafalian, 2004) ont fait l’objet de nombreux travaux. Plus récemment, les observateurs ont assisté à un...

Share