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© 2006 – Presses de l’Université du Québec Édifice Le Delta I, 2875, boul. Laurier, bureau 450, Québec, Québec G1V 2M2 • Tél.: (418) 657-4399 – www.puq.ca Tiré de: Réalités nationales et mondialisation, sous la direction de Robert Bernier, ISBN 2-7605-1408-0 • D1408 Tous droits de reproduction, de traduction et d’adaptation réservés C H A P I T R E 3 L’ACCUEIL DES CONCEPTIONS ANGLO-SAXONNES DE LA RESPONSABILITÉ SOCIALE DES ENTREPRISES EN FRANCE ET EN ALLEMAGNE Jean-Pierre Segal Laboratoire interdisciplinaire pour la sociologie économique (LISE). Gestion et Société. Centre national de la recherche scientifique, Paris La liberté laissée aujourd’hui aux entreprises de déployer leurs activités à l’échelle de la planète, sélectionnant leurs implantations ou sous-traitant tout ou une partie de leurs activités au meilleur de leurs intérêts, crée une situation sans précédent dans l’histoire économique. Cette nouvelle donne représente un défi pour la cohésion sociale interne aux entreprises, pour celle des territoires et pour la société de l’ensemble des pays du monde. Elle se passe au moment où les régulations étatiques traditionnelles connaissent des difficultés et où les citoyens prennent conscience des limites des capacités de régulation des organisations internationales. Présumées maîtres du jeu, les grandes entreprises sont à la fois interpell ées par des organisations non gouvernementales qui s’organisent et sollicit ées par les pouvoirs publics, notamment européens, pour apporter une contribution à la construction d’une situation plus équilibrée. © 2006 – Presses de l’Université du Québec Édifice Le Delta I, 2875, boul. Laurier, bureau 450, Québec, Québec G1V 2M2 • Tél.: (418) 657-4399 – www.puq.ca Tiré de: Réalités nationales et mondialisation, sous la direction de Robert Bernier, ISBN 2-7605-1408-0 • D1408 Tous droits de reproduction, de traduction et d’adaptation réservés 50 RÉALITÉS NATIONALES ET MONDIALISATION L’initiative est aujourd’hui prise par le monde libéral anglo-saxon. Ce dernier rencontre un succès certain sur le terrain de la gouvernance de l’entreprise et plus généralement de la conduite du changement dans l’entreprise. L’influence de cette nouvelle orthodoxie managériale s’exerce de façon particulièrement impressionnante au sein des élites des pays « neufs » du monde entier, les mêmes références étant regardées à l’Est de l’Europe, au Maghreb ou dans le Sud-Est asiatique comme autant de « recettes » propres à permettre d’atteindre la prospérité économique tant désirée. Capables de formuler et d’instrumenter leur proposition sur ce thème de la responsabilisation sociale de l’entreprise, les libéraux anglo-saxons ont pris sur ce sujet l’initiative et rencontré un écho important , notamment en Europe, où ce concept a reçu le soutien, matérialisé par un livre vert publié en 2000, des autorités européennes, même si celles-ci s’en sont tenues jusqu’ici à des actions de vulgarisation et de mise en débat (communication en 2001 et organisation d’un forum multistakeholders en 2003). Contrairement aux pays émergents qui ne possèdent pas d’autres références à opposer à ce modèle hégémonique, les « vieux » pays europ éens possèdent une longue histoire et des traditions qui ne s’accordent pas nécessairement avec la culture politique anglo-saxonne inspirant les nouvelles créations institutionnelles qui organisent à l’échelle mondiale la vie des affaires. Tel est précisément le cas du concept de responsabilité sociale de l’entreprise (RSE), qui suscite aujourd’hui autant d’intérêt que de questions. Autant d’intérêt dans la mesure où, à l’heure de l’économie mondialisée et de la difficulté des États-Nations à contrôler les comportements d’acteurs transnationaux de plus en plus mobiles, le besoin de nouvelles régulations se fait cruellement sentir. Autant de questions, car bien des ambiguïtés subsistent sur la nature des engagements pris par l’entreprise socialement responsable, sur la capacité des autres parties prenantes à en contrôler l’effectivité et sur le périmètre à l’intérieur duquel ces engagements s’appliquent. L’objet du présent article est de s’interroger sur la réception de ce modèle de la responsabilité sociale « à l’anglo-saxonne » dans...

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