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ÉTHIQUE ET RESPONSABILITÉS DE L’ÉTAT Quel rôle pour les Nations Unies ? Bacre Waly Ndiaye [3.139.81.58] Project MUSE (2024-04-25 02:42 GMT) En août 2001, peu avant la Conférence de Durban sur le racisme, la discrimination raciale, la xénophobie et les formes assimilées d’intolérance, 84 chefs d’État et de gouvernement et 48 présidents d’institutions parlementaires représentant au total 132 pays avaient signé le manifeste sur la tolérance et la diversité, par lequel le haut commissaire des Nations Unies aux droits de l’homme d’alors, Mary Robinson, leur proposait une certaine vision de l’humanité pour le XXIe siècle débutant. Cette vision, que chaque pays pouvait moduler à sa façon, devait avoir comme socle commun les droits de l’homme universellement reconnus et reposer sur la fin de l’exclusion, le rejet des horreurs du racisme et de la discrimination qui avaient pour nom l’esclavage, l’holocauste, l’apartheid, le« nettoyage ethnique », le génocide et, enfin, déboucher sur l’exaltation de la diversité et de la tolérance comme communes richesses de l’humanité. L’adoption de la Déclaration et du Plan d’action de Durban le 8 septembre 2001, celle de la Déclaration du millénaire en septembre 2000 et celle du Statut de la Cour pénale internationale, le 11 juillet 1998 à Rome, devaient constituer les deux piliers d’une nouvelle solidarité internationale basée sur la justice, l’égalité et la tolérance universelles. Mais trois jours à peine après la déclaration de Durban, survinrent les événements du 11 septembre 2001 et les attaques terroristes meurtrières qui firent aux États-Unis plus de 3 000 victimes, originaires de 82 pays. Suivirent les activités antiterroristes qui, au-delà de leurs objectifs déclarés, eurent néanmoins pour effet le développement d’un courant liberticide et discriminatoire et de multiples tentatives de freiner le développement de la justice pénale internationale. La théorie de l’intervention internationale humanitaire céda la place à celle de la guerre dite préventive. La solidarité internationale provoquée par les attaques du 11 septembre 2001 vola en éclats et, avec elle, le consensus sur la tolérance et la diversité. Il n’en demeure pas moins que, dans de nombreux pays, des secteurs plus ou moins importants de la population continuent de subir des violations graves et massives des droits de l’homme ou n’ont pas encore absorbé le traumatisme profond qui en résulta. 410 Le devoir de mémoire et les politiques du pardon Il peut s’agir entre autres de l’esclavage, de la haine de certaines religions ou de certaines minorités, de l’exclusion en raison de l’appartenance à une caste, de la haine ou plutôt de la peur de l’étranger… Il est clair que ces préjugés et discriminations venus du fond du passé continuent d’avoir des répercussions bien actuelles. Cependant, à plus ou moins long terme, de bonnes lois et de bons juges peuvent contribuer efficacement à en réduire les effets dans le domaine public et même, dans une moindre mesure, dans la sphère privée. Mieux, les Nations Unies, par le biais du Comité des droits de l’homme ou du Comité pour l’élimination de la discrimination raciale, ou encore de la Sous-commission pour la promotion et la protection des droits de l’homme, par exemple, ont mis en place une série de recommandations et proposé des normes dont peuvent s’inspirer les États cherchant à mettre fin à ces discriminations. Par ailleurs, il est aussi clair que d’autres programmes des Nations Unies, tels que la lutte pour l’éradication de la pauvreté ou les Objectifs du millénaire, ne peuvent aboutir à des résultats probants sans aborder les causes de ces négations du droit de tout être humain à une vie digne de ce nom. De plus, nul ne doute du lien étroit existant entre pauvreté et discrimination. Néanmoins, c’est dans le cadre d’une transition entre guerre et paix, entre oppression et libération, entre un passé de violence, un présent semé d’embûches et un avenir riche en espoirs, et des relations complexes et souvent difficiles entre le devoir de mémoire, le pardon souvent nécessaire et la réconciliation préalable...

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